Lettre aux amis de la police (et de la gendarmerie) 2010/02

Chers collègues et chers amis,

 

Vous trouverez ci-dessous, l’essentiel de l’actualité de la recherche et de l’édition de ce mois… (du moins celle dont nous avons eu connaissance) qui concerne police et gendarmerie…

Bien cordialement

jmb

 

 

 

1. POLITEIA ! ?

le site des « Amis de la police… (et de la gendarmerie) »


 

Un certain nombre d’entre vous l’ont suggéré à plusieurs reprises… et c’était vraiment une bonne idée, il ne manquait que des compétences et un peu de temps, bref de l’aide… Les unes et l’autre nous ayant été spontanément et généreusement offerts par Stéphane Lemercier, grâce à lui les amis de la police entrent donc résolument dans la modernité au seuil de cette deuxième décennie du troisième millénaire…

La Lettre (anciens et nouveaux numéros) les nouvelles de la recherche, de l’édition, la diffusion de la connaissance, les colloques, séminaires, les appels à contributions… mais aussi des articles et quelques annonces urgentes seront désormais en ligne à l’adresse suivante :

 

http://politeia.over-blog.fr/

 

ce qui permettra de retrouver toutes les Lettres précédentes (« archives »), mais aussi de découvrir plus rapidement l’actualité (« dernière minute »), de s’inscrire à la newsletter et de retrouver des articles, des livres conseillés …

Les maîtres d’œuvre sollicitent votre indulgence : le site est encore en construction, il connaîtra sans doute quelques « bugs » et maladresses…

Nul doute qu’avec vos remarques et vos conseils, nous les éradiquerons rapidement.

 

NB : Le site Politeia ne supprime pas l’envoi de cette Lettre, il s'y ajoute et permet juste une communication plus souple et réactive…

 

 

 

2. Le CIRSAP : fin et suite ?

 

 

De Catherine Denys (10/1/2010) :

 

« Chers amis de l’histoire des polices, gendarmeries et autres gardiens de
la paix sociale.
Le programme CIRSAP (Construction et circulation des savoirs policiers
européens, 1650-1850) financé par l’ANR touche à sa fin (en mai 2010).
D’une manière ou d’une autre, vous y avez collaboré, pris part, ou
simplement marqué votre intérêt pour les questions qui y furent
débattues. Nous sommes désormais à l’heure du bilan, mais aussi des
perspectives. L’avenir est à un projet élargi et réorienté. Il nous
semble que l’ouverture serait profitable à tous, dans quatre directions :


_ une ouverture chronologique : créé par un quatuor de
dix-huitièmistes, le cirsap a en réalité très souvent fait appel aux
dix-neuvièmistes. Nous souhaitons donc inviter les spécialistes de
l’époque contemporaine, en nous limitant à l’avant 1914, à nous
rejoindre pour dépasser la coupure révolutionnaire et les frontières
académiques, dont nous avons déjà montré le peu de sens pour une
histoire renouvelée des polices.

_ une ouverture spatiale : on a souvent fait reproche, avec raison, à
l’équipe cirsap, de privilégier les polices urbaines et de négliger les
forces de l’ordre rural. La volonté des historiens de la gendarmerie de
participer à une recherche commune devrait permettre de dépasser le
cloisonnement des deux domaines et de mettre en valeur les continuités
territoriales. Un espace comme la banlieue pourrait faire l’objet d’une
étude spécifique qui associerait spécialistes de la ville et de la
campagne.

_ une ouverture internationale renforcée : le programme cirsap a permis
d’intensifier des contacts anciens et d’en créer de nouveaux, en Europe
et dans le monde. Le dernier atelier sur les polices coloniales a prouvé
l’importance des attentes de nos collègues des antipodes pour des
collaborations européennes. Il serait dommage de ne pas poursuivre dans
cette direction et de laisser « refroidir » les bonnes volontés.

_ une ouverture thématique : l’histoire de la police existe désormais
mais ne doit pas se replier sur elle-même. Elle ne prend sens que dans
une approche systémique des moyens de la régulation sociale, dans ses
relations avec la justice, l’armée, l’église, l’administration, etc. Il
nous faut nous confronter aussi à des visions historiques plus générales.

Pour répondre à cet objectif d’ouvertures multiples, nous proposons une
double démarche :

_ d’une part, la création d’un Groupe de recherche européen (GDRE) qui
aurait pour but de fédérer les chercheurs associés de divers pays et
d’institutionnaliser le réseau. Ce GDRE pourrait exister au travers de
séminaires menés en divers lieux. Il constituerait aussi une tête de
pont vers un futur programme de recherche européen.

_ d’autre part, la mise sur pied d’un nouveau programme quadriennal de
recherche à soumettre à l’ANR au printemps 2011, pour 2011-2015.
L’équipe pourrait en être plus large que celle de CIRSAP et s’appuyer
sur plusieurs laboratoires. Nous souhaitons concilier deux approches
complémentaires : une approche généraliste et une approche thématique
précise. La première doit permettre aux travaux actuels et à venir de se
confronter aux interrogations historiques fondamentales, de prendre
place dans des débats internationaux et d’être, en quelque sorte, le
label visible et porteur de nos avancées. Une formulation autour des «
Systèmes policiers européens, 18e-19e s. » permettrait de rendre compte
de l’ensemble des modalités de régulation des sociétés humaines, de
l’articulation des diverses institutions et acteurs régulateurs
(justice, administration, église, etc..) avec les attentes et
oppositions sociales, dans une perspective comparatiste. L’approche
thématique propose une étude plus fouillée, sur des archives originales
et en constituant des petites équipes internationales, autour de sujets
précis, dont l’intérêt est apparu au travers du programme cirsap, à
titre de point à approfondir ou de vide à remplir. Parmi les thèmes
précis possibles, citons les polices des banlieues, les petits policiers
de terrain ou de voisinage, les polices paramilitaires, la police face à
l’événement (catastrophe naturelle, accidents lors de rassemblements
populaires), savoirs policiers et savoirs scientifiques.

Si vous souhaitez réfléchir à ces questions et participer à la création
d’une nouvelle équipe de recherche dynamique et productive, nous vous
invitons à en débattre amicalement, lors d’une réunion informelle qui se
tiendra le *mercredi 3 février à 14h, à la Sorbonne à Paris* (la salle
sera précisée ultérieurement par Jean-Noël Luc). Merci de faire savoir à
Catherine Denys (*catherine.denys@wanadoo.fr*) si vous comptez être
présent. Si vous êtes intéressé mais ne pouvez pas vous joindre à nous
physiquement, n’hésitez pas à communiquer vos suggestions, réflexions,
envies, critiques, etc. Une réponse est attendue au plus tard pour le 20
janvier. Grand merci. »

 

 

Réponse en forme de supplique aux modernistes… (JMB, 10/1/2010)

 

« Chère Catherine,

 

 […] Je vois comme une contradiction entre le début et la fin de ce paragraphe :

"-une ouverture chronologique : créé par un quarteron de
dix-huitièmistes, le cirsap a en réalité très souvent fait appel aux dix-neuvièmistes. Nous souhaitons donc inviter les spécialistes de  l’époque contemporaine, en nous limitant à l’avant 1914, à nous rejoindre pour dépasser la coupure révolutionnaire et les frontières
académiques, dont nous avons déjà montré le peu de sens pour une histoire renouvelée des polices."

Diable (ou même "Bougre" pour rester dans la ligne du divin marquis) la guerre 14-18 constituerait-elle une barrière plus intangible, redoutable, infranchissable et aurait-elle plus de sens pour l'histoire des polices que la Révolution française ???!!!!

Puis-je me permettre de rappeler que les réformes fondamentales de l’État français du printemps 1941 (étatisation des polices des villes de plus de 10 000 habitants, création d’un corps civil de maintien de l’ordre, les GMR…) pérennisées par la IVe République (CRS…) et achevées par la Ve République (la loi Frey rattachant la PP à la Police Nationale) sont dans le droit fil de projets remontant aux débuts de la IIIe République (avant 1914) : il y a là des continuités que la fracture/coupure prévue par ce projet effacerait…

De même, il est apparu dans la série de séances de travail, fin novembre 2009, sur le colonial policing, des comparaisons fructueuses, des rapports troublants et à approfondir entre les pratiques notamment de maintien de l’ordre et de répression pratiquées dans les colonies et ce qui se passait en France métropolitaine quelques décennies auparavant…

Il me semble dommageable pour l’histoire d’un objet dont les temporalités et séquences sont loin de suivre l’histoire institutionnelle et politique de pratiquer ce genre de coupure, même si cela implique un changement d’échelle dans la gestion du projet…

Je vous en conjure donc, historiens modernistes et dix-neuvièmistes de la police (et de la gendarmerie) : encore un effort pour transgresser les frontières académiques !

Amitiés

jmb

 

 

 

3. SÉMINAIRES, JOURNÉES D’ÉTUDES…

 

Outre ceux signalés dans les Lettres de cet automne, deux nouveaux séminaires à noter sur vos tablettes …

 

■ Séminaire de recherche de l’Université Paris IV-Sorbonne :

Force publique, régulation sociale, sécurité intérieure et Défense - XIXe-XXe siècles

Mardi 15h-17 h – Bureau de la direction de l’UFR d’histoire (La Sorbonne, escalier E – 2e étage) sauf le 9 mars*.

(contact : jnoel.luc@gmail.com)

 

Programme des séances publiques du 2e semestre 2009-2010

 

2 février – Le gendarme, un combattant

Se battre, vivre et mourir en Espagne dans la gendarmerie impériale, 1809-1814 (Gildas Lepetit, docteur en histoire, Paris IV).

 

9 février – Maintenir l’ordre dans la ville

La garde républicaine, la préfecture de police et le contrôle de l’espace parisien à la fin du XIXe siècle (Éric Dagnicourt, doctorant, Paris IV)

 

16 février – Imposer l’État de droit

L’action des gendarmes contre les « bandits d’honneur » corses dans les années 1930 (Simon Fieschi, master II d’histoire, Paris IV, 2008)

 

*9 mars – amphi Quinet, 46 rue Saint-Jacques (17-19h) - L’histoire orale d’une force militaire originale à la fin du XXe siècle.

Rétablir et maintenir la paix au Kossovo : les expériences du général Claude Vicaire.

 

16 mars – L’insatiable curiosité des historiens de la force publique

De Javert à Cruchot : la fiction au service de l’historien (Arnaud-Dominique Houte, maître de conférences, Paris-Sorbonne).

 

30 mars- Une lecture de l’actualité

Pourquoi la gendarmerie aujourd’hui ? Approche historique et géopolitique (général 2S Georges Philippot, docteur en histoire, ancien chef du SHGN).

 

6 avril – Au delà des clichés,  l'observation diachronique de pratiques plurielles

Fécondité et limites d'une approche microscopique de la relation gendarmerie-maquis sous l'Occupation (Emmanuel Chevet, doctorant, Dijon, boursier CEHD).

 

13 avril – Éclairer la police des années noires

Les politiques policières de l’État français, 1940-1944 (Professeur Jean-Marc Berlière, Université de Dijon et CESDIP).

 

4 mai – Une relecture des guerres de décolonisation

La gendarmerie pendant la Guerre d’Algérie entre opérations militaires et respect de la légalité républicaine(Emmanuel Jaulin, diplômé de l’IEP de Paris, docteur en histoire, Paris IV).

 

11 mai –

La dualité policière française

Missions politiques et judiciaires : la police entre mythes et réalité au XIXe  siècle (Édouard Ebel, docteur en histoire, chef du Service des Études, département Gendarmerie-SHD).

 

 

■ « Le renseignement dans les sociétés démocratiques »

 Le groupe de recherche « Metis » du centre d’histoire de Sciences-Po

56, rue Jacob, 75006, Paris 

programme de la 5e série (mars-juin 2010)

 

Les formes de contrôle parlementaire du renseignement en Europe

 

  Lundi 15 mars, 18-20h : 

"Le contrôle parlementaire du renseignement en Belgique"

autour de l’avocat général Guy Rapaillé, président du Comité permanent de contrôle des services de renseignements et de sécurité (« comité permanent R ») Salle Jean Monnet, rez-de- chaussée

 

Lundi 12 avril, 18-20h : 

"Le contrôle parlementaire du renseignement en France"

invité en attente de confirmation. Salle de réunion, 1er étage

 

Lundi 17 mai, 18-20h : 

"Le contrôle parlementaire du renseignement dans le système politique britannique"

autour de Thorsten Wetzling, doctorant en science politique à l'institut de hautes études internationales et du développement (Genève) et chercheur invité à l'IFRI. Salle Jean Monnet, rez-de-chaussée

 

Lundi 14 juin, 18-20h : 

"Le Bundestag et les activités de contrôle parlementaire du renseignement en Allemagne"

autour de Wolfgang Krieger, professeur d’histoire à l’université de Marburg

(Langue : Français), Salle de réunion, 1er étage

 

Lundi 28 juin, 18-20h : 

"Contrôler les activités de renseignement : la démocratie espagnole face aux services et à son histoire"

autour de Floran Vadillo, doctorant en science politique à Sciences-Po Bordeaux (SPIRIT), Salle de réunion, 1er étage

 

 

 

■ Réformer et définir l’action de la police en ville : Lyon au XIXe siècle

 

Table ronde organisée par le Laboratoire de Recherche Historique en Rhône-Alpes (LARHRA, UMR 5190)

Equipes « Villes et sociétés urbaines » et « RESEA-EMIS »

Le Vendredi 19 mars 2010

Institut des Sciences de l’Homme, 14-16 avenue Berthelot, Lyon 7e

Salle André Bollier

 

PROGRAMME

 

09h30-09h45. Accueil des participants.

 

09h45-10h. Introduction générale.

 

Olivier FAURE (Professeur à l’Université Jean Moulin Lyon 3-LARHRA, UMR 5190, Equipe « RESEA-Emis »)

 

 

10h-12hRéformer l’organisation du maintien de l’ordre en ville : acteurs, rythmes et modalités

 

Florent PRIEUR (Doctorant, ATER, Université Paris I Panthéon Sorbonne), La police d’Etat de Lyon : le long chemin d’une nouvelle conception du maintien de l’ordre urbain, 1800-1852

 

Quentin DELUERMOZ (McF à l’université de Paris 13), La réforme de la police parisienne de 1854 : enjeux, réalisations, effets

 

14h-17h. Maintenir l’ordre : une affaire uniquement policiere ?

 

Amos FRAPPA (Professeur au collège Marcel Pagnol – Toulon), La surveillance nocturne à Lyon durant le premier XIXe siècle

 

Aurélien LIGNEREUX (Mcf à l’université d’Angers,), Une butte-témoin ? La gendarmerie à Lyon et dans son agglomération au XIXe siècle

 

François ROBERT (Ingénieur de recherche CNRS, LARHRA – UMR 5190,), L’octroi de Lyon : contrôler la circulation des marchandises et des hommes]

 

17h30-18h. CONCLUSIONS ET THEMES DE LA PROCHAINE TABLE RONDE

 

Présentation

 

Une première table ronde tenue en mars 2009 à l’Institut des Sciences de l’Homme de Lyon, avait eu pour thème la surveillance urbaine, et avait été centrée sur la ville de Lyon aux XIXe et XXe siècles1. Elle concrétisait l’aboutissement de plusieurs travaux de recherche, qui portaient à la fois sur l’organisation institutionnelle de la police lyonnaise et sur ses champs d’action. Toutefois, deux questions de fond avaient émergé lors des débats. La première fut celle, ambiguë et complexe, de la notion de réforme dans l’organisation du maintien de l’ordre urbain. Cette question, toujours d’actualité, traverse les époques et les régimes, ainsi qu’en témoigne la quantité de « projets » et autres « propositions » de réforme conservés dans les archives policières, qu’elles soient nationales, départementales ou municipales. Le second thème, qui en découle presque naturellement, est celui tout aussi difficile à appréhender des limites de l’action policière, et de la nécessaire collaboration avec d’autres forces dans le fonctionnement quotidien du maintien de l’ordre.

Pour répondre à la première question, il a été intéressant d’adopter une approche comparée, et de confronter les trois grandes réformes d’envergure, intervenues dans l’organisation initialement fixée à la police sous l’ère napoléonienne, avec l’étatisation des polices lyonnaise et marseillaise, en 1851 et 1908, et la grande réforme mise en œuvre à Paris en 1854. Dans ces trois cas, quelles furent les motivations, les causes de la réforme ? Quels en furent les acteurs ? Quelles institutions, forces politiques, mais également figures emblématiques oeuvrèrent à sa définition, à son vote et à sa mise en pratique ? De la même manière, qui furent ceux qui s’y opposèrent et qui la combattirent ? Enfin, entre le projet et sa concrétisation, quels écarts ont pu apparaître ? Des adaptations ont-elles été nécessaires et quelle ampleur ont-elles pu prendre ?

Toutefois, enquêter sur la notion de réforme dans l’organisation du maintien de l’ordre urbain impose aussi de mettre en œuvre une première réflexion sur les champs d’action que les autorités, nationales et locales, administratives comme policières, entendent donner à l’action des forces de police en ville. Privilégier ici le cas lyonnais permet de voir comment, tout au long du XIXe siècle, cette question a pu se poser. Trois angles d’attaque seront privilégiés : la surveillance nocturne des rues lyonnaises ; le contrôle de l’entrée des hommes et des marchandises en ville ; enfin la collaboration avec la gendarmerie, force rurale, dont la présence dans la ville de Lyon est une constante tout au long du XIXe siècle.

 

 

 

4. Publications

 

■ BOULANT Antoine et LEPETIT Gildas La gendarmerie sous le Consulat et le Premier Empire, Paris, Editions SPE-Bathélémy, 2009, 159 pages
Livre grand format (genre « beau livre ») comportant une importante iconographie (notamment de nombreuses pièces d'archives fort intéressantes) par deux officiers de la gendarmerie, docteurs en histoire et spécialistes de la période.

 

■ S.L. FOGG, The politics of everyday life in Vichy France: foreigners, undesirables and strangers, Cambridge UP, 2009 (cf. le compte rendu dans Annales HSS, 2009, 6, 1432s)

 

■ Marie-François GORON, L’Amour criminel, Bruxelles, André Versaille éditions.

Le premier tome d’une réédition longtemps espérée des mémoires du chef de la Sûreté (c’est-à-dire de la PJ) parisienne de 1887 à 1894. Parmi d’autres affaires, on y retrouve l’enquête sur la disparition de l’huissier Gouffé qui conduisit les policiers parisiens jusqu’aux Amériques : la légendaire affaire de la « malle à Gouffé » qui passionna le monde entier en 1889-1890.

 

■ J’ai voulu porter l’étoile jaune. Journal de Françoise Siefridt, chrétienne et résistante. Préface de Jacques Duquesne, Paris, Robert Laffont, 2010.

Je voudrais signaler à votre attention deux ouvrages qui abordent un aspect longtemps ignoré d’une résistance morale que les « faits d’arme » de la résistance armée et les péripéties de la résistance « politique » ont totalement éclipsé : je veux parler des « amis des juifs », ces « aryens » qui dès le 7 juin 1942, se sont affublés par solidarité, protestation silencieuse, indignation, de ces étoiles jaunes que la 8e ordonnance allemande imposait, à partir de cette date, à tous les juifs de zone occupée, dès l’âge de 6 ans. Portant des inscriptions fantaisistes (« papou », « zazou », « auvergnat », « swing »…) visant à ridiculiser cette mesure dégradante pour la personnalité humaine (« Il n’est sans doute rien de plus ignoble que de contraindre un homme à avoir à tous les instants honte de lui-même » écrivit Jean Guéhenno dans son Journal), plusieurs dizaines furent arrêtés par les policiers parisiens, les 7 et 8 juin.

Affublés d’une étoile et d’une bande de tissus portant la mention « ami des juifs », ils furent internés à la caserne des Tourelles, puis à Drancy avant d’être libérés en septembre. Ils ont vécu en témoins directs, les scènes déchirantes qui ont accompagné l’arrivée massive des juifs arrêtés puis raflés en cet été 1942 et leur déportation. Notamment celle du millier d’enfants, parfois très jeunes, séparés quelques jours plus tôt à Pithiviers et Beaune-la-Rolande de leurs mères déportées avant eux …

Peu de ces « amis des juifs » ont témoigné, le journal que tint, au jour le jour, l’une d’entre eux, alors lycéenne en classe préparatoire au lycée Fénelon,  vient d’être publié. Ce témoignage présente incidemment et de façon très sensible l’attitude de policiers et de gendarmes préposés à ces besognes d’un genre douteux…   

NB : Le texte original est éclairé par des notes de Cédric Gruat auquel on doit (avec Cécile Leblanc) la première étude consacrée aux « amis des juifs » (l’expression est du SS Dannecker, Judenreferat au SD de Paris) : Amis des juifs. Les résistants aux étoiles, Paris, Tiresias, 2005.

 

 

 

5. Appels à communication / call for papers

 

 

■  Rappel urgent !!!

Bo i s , f e r s , p a p i e r s e t  b r a c e l e t s  d e  j u s t i c e

HISTOIRE MATERIELLE DU DROIT DE PUNIR : HIER ET AUJOURD’HUI

L’appel à contributions pour ce colloque international organisé par Michel Porret et qui 
se tiendra à Genève en décembre 2010 :
se termine le 1er février 2010
Détails à l’adresse : 
http://www.unige.ch/rectorat/maison-histoire/actualites-1/Boisdejustice.pdf

 

 

■ “Crime and Punishment in Modern Europe, 1870-1990”

Conference in Washington DC
September 16-18, 2010

NB = Submission deadline: February 15, 2010 !!!

The German Historical Institutes in Washington and London are organizing an
international conference on the history of criminal justice in modern Europe
from 1870 to 1990. The conference will take place in Washington DC from
September 16 to 18, 2010. The meeting is designed to take stock of recent
and current research in this burgeoning field and to facilitate conversation
between historians working on different countries in order to provide a
comparative perspective on European developments. For this purpose, the
conveners are soliciting proposals for papers presenting historical research
on the legal, political, cultural, and social history of criminal justice,
including but not limited to the following aspects:

– the social and cultural history of criminal justice – the history of the
criminal law and penal policy – the history of the criminal trial – the
history of penal reform – the role of gender in criminal justice – the
history of juvenile justice – the history of prisons – criminal justice and
medicine/science – criminal justice and the welfare state – the relationship
of criminal justice to political cultures, systems, and ideologies –
criminal justice and the history of the legal profession

Based on the proposals received, the conveners plan to assemble 4-6 panels,
each featuring 3-4 papers on different countries addressing a common theme.
Comparative papers are, of course, most welcome.

Please email a paper proposal (in English) of no more than 500 words and
your curriculum vitae to the two conveners listed below. The deadline for
submission is February 15, 2010
. Applicants will be notified by the end of
February. The conference, held in English, will focus on the discussion of
pre-circulated papers, which should be ready for distribution by September.
Expenses for travel and accommodation will be covered.

Conveners:
Dr. Richard F. Wetzell
German Historical Institute Washington
wetzell@ghi-dc.org
Dr. Kerstin Brückweh
German Historical Institute London
kbrueckweh@ghil.ac.uk
German Historical Institute, 1607 New Hampshire Ave NW, Washington DC
20009-2562
Phone: +1 (202) 552-8939 /
Web: http://www.ghi-dc.org / http://www.ghi-dc.org/wetzell

 

 

 

6. L’actualité

Vous trouverez à l’adresse, un article du Monde (9/1/2010) au titre un peu « simplet » (« Une grande école pour espions » (sic) LE MONDE | 08.01.10 | 14h31  •  Mis à jour le 09.01.10 | 08h22), mais dont le contenu en terme d’évolution est particulièrement remarquable en ce qu’il marque une vraie rupture dans une tradition qui remonte à plusieurs décennies (vous noterez la disparition des ex-RG et de la Gendarmerie absents de ce futur institut…)

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/une-grande-ecole-pour-espions_1289087_3224.html

 

 


7. Exposition(s)

 

À partir du 9 février, au Musée Carnavalet (23, rue de Sévigné, 75003) début d’une importante exposition 

"L'impossible photographie: les prisons parisiennes 1850-2010",
Pour l’inauguration (le 9 février 2010 de 16h à 21h), on pourra découvrir une pièce sonore d’Olivia Rosenthal intitulée: " Maison d'arrêt Paris-La Santé, 42, rue de la Santé 75010 Paris".

 

 

 

 

… C’est tout pour ce mois-ci !

 

N’hésitez pas à nous communiquer les nouvelles (parutions, soutenances de thèses, articles, séminaires, expositions, conférences, documentaires…) qui entrent dans notre champ d’intérêt…

 

Le mois prochain, nous tenterons de faire un rapide tour d’horizon des formations intégrant des cours d’histoire des institutions policières : ce qui sera l’occasion de mesurer l’évolution considérable d’une institution que nous avions ironiquement critiquée à plusieurs reprises :

« Entre pages blanches et légendes : un corps sans mémoire ? », Pouvoirs, n°102, Septembre 2002, pp. 5-15. article consultable en ligne à l’adresse suivante :

www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=POUV_102_0005

« La cour du 19 août 1944 : essai sur la mémoire policière », Crime, Histoire et Société, Genève, Droz, n°1 vol.3, 1ersemestre 1999, pp. 103-125, consultable en ligne à cette adresse :

http://66.102.1.104/scholar?num=100&hl=en&lr=&q=cache:9cICR8cIHGQJ:chs.revues.org/index940.html+author:berliere

 

Dans une prochaine Lettre (selon temps disponible !) nous reviendrons sur un certain nombre de stéréotypes et d’idées reçues (assénées avec d’autant plus de conviction que les intéressés répètent ce qu’ils croient, se gardant bien de mettre en question ces affirmations) et qui ont largement refleuri à l’occasion de la sortie de quelques films à prétention légendaires, voire historiques… Plus que jamais, le fou croit qu’il sait, seul le sage sait qu’il croit…

 

 

Avertissement

Cette « Lettre » (dont le titre est inspiré de la rubriques « Deux mots aux amis » d’un journal libertaire au début du XXe siècle) parfaitement informelle et à fréquence irrégulière, a pour but de diffuser les informations — notamment publications de livres ou d’articles, mais également colloques ou journées d’études — en rapport avec l’histoire, la recherche, la réflexion, les archives et sources… concernant peu ou prou le domaine policier (gendarmerie comprise !)…

Si vous souhaitez ne plus figurer sur la liste des destinataires, rien de plus simple : répondez à ce courriel avec la mention STOP !

En revanche si vous connaissez des gens susceptibles d’être intéressés par ces références, n’hésitez pas, soit à leur faire suivre ce courriel, soit à nous transmettre leurs adresses électroniques.

Si vous recevez ce courrier pour la première fois et si vous souhaitez recevoir les lettres précédentes, il suffit de demander… ou d’aller consulter les archives du site http://politeia.over-blog.fr/

Dernier détail : le rédacteur de ce courriel ne saurait tout connaître de ce qui paraît et se fait dans le domaine… ce qui explique les éventuelles lacunes et absences…

Là encore, le plus judicieux est de me prévenir, je transmettrai bien volontiers l’information…

 

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