Lettres aux amis de la police (et de la gendarmerie) 2012/02

Publié le par Stéphane LEMERCIER

Chers collègues et chers amis,
Les polémiques, dérapages, scandales, coups-fourrés, enquêtes truquées, corruption, révélations qui touchent le monde policier des BAC à l’IGS en passant par la DCRI et la PJ, se multipliant,  il a semblé opportun de rappeler quelques-uns des idéaux fondant une police républicaine tels qu’ils  furent exprimés, il y a un bon siècle, par le premier policier de carrière (il avait débuté comme inspecteur auxiliaire) devenu successivement directeur de la Sûreté générale —l’ancêtre du DGPN en quelque sorte— puis Préfet de police, après avoir été un des initiateurs de l’idée mutualiste et syndicale dans une police dont il n’ignorait ni les faiblesses, ni les travers, ni l’importance dans une démocratie qui venait notamment de traverser l’affaire Dreyfus dans laquelle il avait pris ouvertement parti…
Bien cordialement
Jmb
PS : quelques appels à communications annoncés sont URGENTISSIMES !!!


“Let’s have a dream”
(version C. Hennion, début XXe siècle)
« La pratique de l'autorité est toujours une chose délicate ; elle l'est plus encore dans un régime démocratique qui, par sa nature même, par les satisfactions qu'il accorde aux instincts de liberté si profonds chez l'homme, l'entraîne plus facilement hors des limites du respect nécessaire à la liberté d'autrui. La fonction de police est presque toute entière dans la contrainte imposée à la liberté des uns au profit de la liberté des autres...  On semble trouver naturel, alors qu'on exige un stage assez long de la plupart des employés de l'État, même quand leur emploi comporte plus de routine que d'initiative, de jeter d'emblée dans les fonctions de police qui touchent à tous les intérêts matériels et moraux du pays, des hommes jeunes dont le cerveau et la conscience n'ont été scrutés que par un examen puéril, permettant à peine de se rendre compte de leurs connaissances premières. Sans aucune direction effective, guidés par leur seule inspiration, ces nouveaux magistrats devront suffire à la lutte qu'ils engagent dès le jour de leur nomination, contre les mauvais instincts de l'humanité. Et ces hommes qui disposeront souvent des intérets, de la liberté, de l'honneur de leurs concitoyens, qui sont appelés à les conseiller et à les punir, devront tout puiser dans leur propre fond...  C'est pourquoi l'institution d'une École de Police s'impose. Un timide essai avait été fait ; il faut reprendre cette tentative en l'élargissant. Il est vraiment étrange qu'à l'aube du XXe S., après 35 ans de République, nous en soyons encore à réclamer l'établissement d'un enseignement théorique et pratique à l'usage d'hommes qui se destinent à une profession dont la complexité n'a point d'égale »...
Ainsi s'exprimait Célestin HENNION, à la tête d'une délégation de commissaires de police de la Sûreté Générale, devant le ministre de l'Intérieur, en 1906.
Devenu Directeur de la Sûreté Générale, il reprenait dans un "projet de réforme des polices municipales" datant de 1910 l'idée de la création d'une école de formation :
"L'intérêt bien compris d'une démocratie commande d'élever le niveau de la police et non de l'abaisser. L'homme qui peut tenir dans sa main la liberté, la réputation, la fortune, en un mot le malheur ou le bonheur d'un autre homme, n'aura jamais l'âme trop haute ni la conscience trop soucieuse d'équité. C'est à l'école de police que les fonctionnaires apprendront à penser par eux-mêmes...à comprendre l'importance de leur fonction et les services qu'elle peut rendre à la collectivité."

N’ignorant ni l’image négative de la police, ni les impératifs moraux qui devaient guider son action…
« La police traîne un lourd héritage ; mêlée à toutes les passions des hommes, obligée souvent de les endiguer, forcée toujours d'opposer l'intérêt public à la coalition des intérêts privés, elle sent souvent peser sur elle des rancunes que les siècles ont accumulées au cours de l'histoire si troublée de notre pays : jacqueries, émeutes, révolutions, grèves tragiques, elle a tout vu, tout supporté, et par un phénomène que je ne suis pas encore parvenu à m'expliquer depuis si longtemps qu'il fait l'objet de mes réflexions, elle a conservé la haine implacable des uns, sans acquérir ni la reconnaissance, ni même l'entière confiance des autres. Plus on lui réclame de justice, moins on en témoigne à son encontre, moins on lui pardonne ses erreurs, plus on lui fait de procès de tendance. Et pourtant, je ne connais pas de profession où il se dépense plus d'efforts généreux et désintéressés. »

… il mit en pratique ses idées en inaugurant "son" "Ecole Pratique Professionnelle des services actifs de la Préfecture de Police", le 25 mai 1914 avec un idéal qui peut faire aujourd’hui sourire  :

« La police ne représente pas seulement la Force, elle représente aussi le Droit et qui ne sent quelles garanties doivent offrir les représentants du Droit dans la société moderne ? ... Comment admettre que ceux-là mêmes qui seront chargés de veiller sur les droits des citoyens, de les rappeler à la tolérance, à la justice, de les juger souvent avant les juges, comment admettre dis-je, que ceux-là ne soient pas eux-mêmes des hommes de haute et pure conscience ? Et comment développer en eux les idées généreuses qui doivent les animer, sinon par un enseignement approprié au rôle qu'ils doivent remplir ?"

Faisons un rêve…


1. Des livres…


■ Philippe ROBERT, Renée ZAUBERMAN, Mesurer la délinquance, Les Presses de SciencesPo (« La Bibliothèque du citoyen »), 2011, 179 pages, 15€ Mesurer-la-delinquance.jpg

Depuis la fin du XIXe siècle et les enjeux électoraux et politique que la sécurité a représentés dans la démocratie parlementaire, la statistique criminelle a été instrumentalisée pour dire tout et son contraire : montée de la criminalité, des infractions/crimes et délits, impéritie de la police ou de la gendarmerie, réussites ou fiascos des politiques menées… le politique a fait un usage de plus en plus immodéré de chiffres surveillés comme la fièvre d’un malade, mais terriblement sujets à caution ou difficiles à interpréter…
C’est dire combien cet ouvrage, clair et intelligent, écrit par deux des meilleurs connaisseurs de la question vient à point nommé…
À lire pour ne pas mourir idiot et dire n’importe quoi au Café du Commerce…
 

Le Mot de l'éditeur : La mesure de la délinquance
Les assertions gratuites ou contradictoires sur l’importance et l’évolution de la délinquance polluent un débat nourri de statistiques que chacun manie à sa guise et où l’État détient le monopole des sources et du traitement.
Voici un ouvrage qui apporte une perspective scientifique dans la mesure de la délinquance. Après une histoire des méthodes de mesure et de leurs mutations contemporaines, les auteurs font apparaître les grandes évolutions de la délinquance : augmentation du vol de masse avec l’essor de la consommation depuis les années 1960 ; augmentation du vol avec violence et montée d’une petite violence expressive à partir du milieu des années 1980 – années de fracture sociale ; flambée, depuis les années 2000, d’une répression davantage concentrée sur la défense de l’ordre public (trafic de produits prohibés, immigration irrégulière) que sur la sécurité du citoyen.
Il plaide enfin pour trois évolutions majeures : une mesure de la délinquance analysée sur le temps long ; une mesure qui ne soit plus le monopole du pouvoir et qui combine différents types de données ; une relance urgente de la mesure de la délinquance financière et de celle des élites.
Un diagnostic indispensable pour comprendre la situation actuelle de la délinquance.
Philippe Robert, directeur de recherches émérite au CNRS (Cesdip), travaille sur les politiques de sécurité et sur la mesure de la délinquance.
Renée Zauberman, chargée de recherches au CNRS (Cesdip), travaille sur les enquêtes de victimation et l’analyse du fonctionnement du système pénal.

Pour compléter, une tribune des auteurs dans Le Monde



■ Didier Hassoux, Christophe Labbé et Olivia Recasens, L’espion du président, Robert Laffont, 2012

Un travail sérieux d’investigation de trois journalistes (avec les qualités et défauts du genre) sur le « patron » de la DCRI que le dit patron compare à « une belle blonde que beaucoup, dans le monde, voudraient avoir dans leur plumard » (sic) …
(on notera le style bien différent de celui de Hennion…)


Espion du président


Présentation éditeur :
Bernard Squarcini n'a pas usurpé son surnom. "Le Squale" chasse depuis trente ans dans le milieu du renseignement, son élément. L'un après l'autre il a écarté tous ses rivaux. Il dirige aujourd'hui le plus puissant service de contre-espionnage que la France ait jamais connu : la Direction centrale du renseignement intérieur. La DCRI est l'œuvre de Nicolas Sarkozy qui l'a créée le 28 juin 2008 et l'a confiée naturellement à celui qui nage dans son sillage depuis 2002. Bernard Squarcini était censé en finir avec la police politique qu'incarnaient les célèbres RG, soupçonnés de verser dans les secrets d'alcôve et les barbouzeries en tout genre. Officiellement, le "FBI à la française" devait se concentrer sur la seule défense de l'intérêt général. Au terme de notre enquête, nous pouvons l'affirmer : c'est tout le contraire. Jamais un service de renseignement n'aura été autant instrumentalisé au profit d'un seul homme, Nicolas Sarkozy.
Ci-dessous un article d’Ariane Chemin paru dans le Monde :
>> Ils avaient visiblement l'habitude de fréquenter de longue date Bernard Squarcini. De boire des coups avec lui et de le tutoyer. A trois mois de la présidentielle, trois journalistes spécialisés dans la police, Christophe Labbé et Olivia Recasens, du Point, et Didier Hassoux, du Canard Enchaîné, ont décidé de vider leurs carnets. Dans L'espion du Président, qui vient de paraître chez Robert Laffont (284 pages, 19 euros), ils recensent les "coups" du patron du renseignement intérieur, décortiquent ses réseaux, auscultent ses amitiés : d'Henri Proglio, le PDG d'EDF, à Michel Tomi, l'influent patron corse de cercles de jeux africains, en passant par l'homme d'affaires Alexandre Dhjouri. Et racontent comment la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), née en 2008 pour faire oublier les barbouzeries des célèbres RG, a été selon eux "dévoyée au service d'un camp et d'intérêt privés", devenant une sorte de "police politique de Nicolas Sarkozy".
 "J'ai réussi à mettre en commun la rigueur des 'ST' et le bordel des RG. J'ai récupéré deux mémères, j'en ai fait une belle blonde. Que beaucoup, dans le monde, voudraient avoir dans leur plumard", résume un jour Bernard Squarcini à l'un de ses interlocuteurs que l'on devine masculin. Une efficacité remise en cause par Joël Bouchité, ex-patron des RG, abondamment cité, qui a démenti au Monde avoir tenu ces propos.
Mais la contre-enquête est difficile. Davantage encore que tout autre fonctionnaire, un contre-espion est tenu au silence. En échange de moult précautions (rendez-vous fixés via des cabines téléphoniques ou dans des boites à lettres dormantes), les auteurs ont, disent-ils, trouvé quelques "traîtres" pour se faire raconter la "belle blonde" de Levallois. Et notamment le "groupe des opérations spéciales", celui, leur dit-on, où "tout est illégal", où "depuis l'arrivée de Squarcini, l'effraction s'est institutionnalisée", et où "il n'y a qu'une règle: le pas vu pas pris". Parano ? Les auteurs racontent qu'il a fallu deux fois "changer la serrure de l'appartement parisien qui a servi de QG" à leur enquête. Et que leur ordinateur aurait été siphonné.
 
Selon un des officiers qui a accepté de jouer les "taupes", l'état-major de la DCRI a "demandé en 2010 un travail sur Mediapart et [son directeur, Edwy] Plenel parce qu'ils énervent le Château". "Certains ont refusé mais on a su en interne que d'autres l'avaient fait", ajoute cette source anonyme.
 
Les auteurs racontent aussi comment la DCRI s'est rendue spécialiste de "poussettes" (d'intox). M. Bouchité lui-même leur aurait conseillé d'enquêter sur le pseudo "alcoolisme" de Martine Aubry durant la campagne des primaires, avant évidemment de démentir haut et fort au téléphone, lorsque la responsable socialiste l'appelle pour l'accuser du forfait…
 
TROPISME CORSE

Les auteurs pointent enfin le tropisme corse de Bernard Squarcini, fils spirituel de Charles Pasqua, littéralement obsédé par son île, où il recrute ses plus fidèles limiers. L'Espion du président raconte comment le patron de la DCRI choisit ses camps dans une Corse en proie au grand banditisme. Celui d'Alain Orsoni, ex leader nationaliste aujourd'hui patron du club de football d'Ajaccio ; celui de feu Richard Casanova, caïd de la Brise de Mer, qui lui aurait donné Yvan Colonna. Du cercle de jeux Wagram au somptueux domaine de Murtoli, les héritiers de Casanova peuvent aujourd'hui compter sur la protection du "Squale", écrivent les auteurs.
Fin décembre 2011, Bernard Squarcini avait déjeuné avec un des auteurs au restaurant parisien la Villa corse, son repaire, où une table porte son nom sur une plaque en laiton. "Fais ton bouquin. S'il est bon, je te paie un coup à boire, sinon, je te pète le nez." Le patron du contre-espionnage français a choisi une voie médiane : la plainte en diffamation.

Ariane Chemin <<


■ Annoncé (un peu) prématurément, Ainsi finissent les salauds est (enfin) dans toutes les bonnes librairies et même les gares…
Ainsi finissent..


■ Peter Leßmann-Faust, Die preußische Schutzpolizei in der Weimarer Republik. Streifendienst und Straßenkampf,
Frankfurt am Main 2012 (=Verlag für Polizeiwissenschaft), ISBN 978-3-86676-196-4, 383 p., € 29,90

Excellente nouvelle que la réédition de cet ouvrage (enrichi et remanié) écrit par un des plus anciens « amis de la police » en Allemagne (avec Herbert Reinke et Alf Ludke) qui a étudié et montré dans quelles conditions la police de Prusse, prise dans la violence des affrontements entre communistes et nazis fut un des derniers remparts de la République de Weimar.
Un livre à lire absolument pour tous ceux qui pratiquent la langue de Goethe…


Peter Lebman

NB : pour les autres, rappelons qu’il existe un texte (en français) de Peter Lessman-Faust sur le même sujet paru dans
J.-M. Berlière et D. Peschanski (dir.), Pouvoirs et polices au XXe siècle, Bruxelles, Complexe, 1997 (pp. 45-61)
Ouvrage collectif (essentiel et pionnier) qui reprenait les communications du premier colloque international tenu en France sur ces sujets et qui doit toujours être trouvable sur le marché de l’occasion ou dans les bonnes bibliothèques de recherche.





Colonial policing  (1) :

Bénédicte Brunet-La Ruche, « Discipliner les villes coloniales » : la police et l’ordre urbain au Dahomey pendant l’entre-deux-guerres

À lire en ligne sur CRIMINOCORPUS


■ Colonial policing (2) :
Alice Hill : “Policing a plurality of worlds: The Nigeria Police in metropolitan Kano” paru in African Affairs (London, OXFORD) (2012) 111 (442): 46-66. doi: 10.1093/afraf/adr078

First published online: December 14, 2011
1. ↵*Alice Hills (a.e.hills@leeds.ac.uk) is Chair of Conflict and Security in the School of Politics and International Studies, University of Leeds. The research for this article was funded by the Economic and Social Research Council (reference RES-00-22-4030). Thanks are due to Aminu Dukku, Issa Sadiq Radda, the University of Cambridge's Radzinowicz Library and Centre of African Studies, and African Affairs reviewers.
Abstract
The prevention of inter-communal conflict in cities where multiple religious and secular norms and processes affect the delivery of security and justice is a major challenge for governments and residents. Most analyses of conflict prevention focus on the part played by traditional authorities or civil society associations, downplaying the role of public police forces.Yet fieldwork in Kano, northern Nigeria, suggests that locally appropriate forms of conventional policing can be highly effective in lowering tension. While the need to negotiate with Kano's semi-state and informal policing actors has not reconfigured the Nigerian police's authority practices, Kano's relative stability owes much to the political and technical skills with which senior police officers manage the city's competitive environment.
© The Author 2011. Published by Oxford University Press on behalf of Royal African Society. All rights reserved



3. Séminaires, journées d’études…


► Interlabo du GERN (14 décembre… 2012 !) :

Social Cohesion and Policing

un sujet qui ne saurait laisser aucun « ami » indifférent !

Cette journée d’étude sera précédée d’une conférence internationale, les 12 et 13 décembre :


two-day international residential conference
12-13/12/2012 on the theme of
“Tides and Currents in police theories”


This conference is organized by the Belgian Centre for Police Studies (CPS) and the Dutch Society, Security and Police Foundation (Stichting Maatschappij, Veiligheid en Politie, or SMVP).


(Please note that on December 12th there will be an exceptional evening programme. All participants are invited to a party for the occasion of the retirement of Prof. Paul Ponsaers from Ghent university).

Voir la plaquette de présentation


4. Appels à communications…

A ■   Globalisation, Criminal Law and Criminal Justice (W G Hart Legal Workshop 2012)
26 June 2012 - 28 June 2012
NB : Un ouvrage collectif est également prévu.
La date limite pour les soumissions Des papiers est passée mais il existe une certaine flexibilité §
Ceci-dit, si vous êtes intéressé(s) ne traînez pas !!!

Event Type: Workshop
Speakers:
Plenary speakers will include: Professor Peter Andreas, Brown University;Professor Margaret Beare, Osgoode Hall, York University (TBC); Professor Roger Cotterrell, Queen Mary, University of London; Professor Bill Gilmore, University of Edinburgh; Professor Chris Harding, Aberystwyth University; Professor Alison Liebling, University of Cambridge; Professor Dario Melossi, University of Bologna; Professor David Nelken, Universities of Cardiff and Macerata; Michael O'Kane, Peters & Peters; Professor Mark Pieth, Basel University; Professor Robert Reiner, London School of Economics; Professor Richard Sparks, University of Edinburgh; Professor John Spencer, University of Cambridge; Professor Takis Tridimas, Queen Mary, University of London; Professor John Vervaele, University of Utrecht.
Venue:
IALS
Venue Details:
Institute of Advanced Legal Studies
Charles Clore House
17 Russell Square
London
WC1B 5DR


Description
For a copy of the Call for Papers, please click here
The WG Hart Legal Workshop 2012 will address the multifarious relationship between globalisation, on the one hand, and criminal law and justice, on the other hand. At a time when economic, political, and cultural systems across different jurisdictions increasingly become or are perceived to be parts of a coherent global whole, it appears that the study of crime and criminal justice policies and practices can no longer be restricted within the boundaries of individual nation-states or even particular transnational regions. But in which specific fields, to what extent, and in what ways does globalisation influence crime and criminal justice in disparate jurisdictions? Which are the factors that facilitate or prevent such influence at a domestic and/or regional level? And how does or should scholarly inquiry explore these themes.
The call for papers asks for contributions on the following themes:
1) Comparative Criminal Justice in a Global Age: Epistemological Questions
This stream will examine the reasons why and the ways in which crime and criminal justice should be studied in a comparative and international context, especially against the background of globalisation. Areas to be covered include: How is globalisation to be defined in relation to such trends as the ascendancy of neoliberal capitalism, the advent of ‘late modernity’, or the emergence of ‘risk society’? To the extent that global or globalising trends affect the various spheres of society and criminal justice within nation-states, which should be our analytical foci, operations, and tools?
2) Comparative Criminal Justice in a Global Age: New Research Findings
This stream will examine new research on how different countries and jurisdictions deal with the main stages of the criminal justice process. Areas to be covered include: To what degree are there global trends in criminal justice matters? Where and to what extent does convergence in the languages of crime control imply convergence in the practices of crime control? Where and to what extent are there differences from an emerging global norm? What is the role of national legal and political cultures in this respect?
3) Globalisation and the Political Economy of Punishment
This stream will assess the influence of globalisation on the levels and patterns of punishment within nation-states from different political economy perspectives. Papers are welcome on the ways in which global capitalism and its varieties relate to penality.
4) Globalisation and Criminalisation
This stream will explore issues arising from the production of global criminalisation norms. Papers are welcome on both the process of adoption of global criminal law (and related issues of transparency, accountability, and democratic control) and the impact of globalisation on criminalisation. Contributions are invited on all aspects of international and European Union law in the field, as well as on the impact of ‘soft law’ and global administrative law on criminalisation.
5) The Impact of Globalisation on Domestic Criminal Law and Justice
This stream will examine the challenges facing domestic legal orders when implementing global standards in the field of criminal justice. Areas to be covered include: the impact of international law Conventions in criminal matters on domestic law; the impact of the European Union on domestic criminal justice; and the impact of international soft law initiatives (such as the FATF) on domestic standards.
6) Globalisation and Judicial Cooperation in Criminal Matters
This stream will focus on the procedural challenges arising from the intensification of judicial cooperation in criminal matters. Areas to be covered include: the transformation of the international law on extradition and the impact of the European Arrest Warrant; developments in international mutual legal assistance mechanisms and the impact of the European Union (the European Evidence Warrant, the European Investigation Order); and the challenges globalisation poses for the development of common global or regional standards on the admissibility of evidence.
7) Legal responses to Transnational Crime and Corruption
This stream will focus on the development of a multi-level system of legal responses to transnational crime and corruption. Papers are welcome on all aspects of global, regional, or domestic regulation of transnational crime (including organised crime, money laundering, and trafficking in human beings) and corruption and their interplay.
8) Globalisation and the interplay between Criminal and Administrative Law
This stream will explore the boundaries between criminal and administrative law in the development of global responses against serious crime. Papers are welcome in particular on the development of freezing orders regimes, as well as on the interplay between criminal and administrative law to regulate conduct detrimental to the market.
Abstracts of papers should be sent to: IALS.WGHart@sas.ac.uk by email attachment by Tuesday 31st January 2012.
The organising committee especially welcomes contributions from early career researchers. Publication of a selection of papers will be subsequently sought in the form of an edited book.
Academic Directors:
Professor Peter Alldridge, Queen Mary, University of London
Professor Valsamis Mitsilegas, Queen Mary, University of London
Professor Julian Roberts, University of Oxford
Dr Leonidas K. Cheliotis, Queen Mary, University of London


B ■ International Scribani Conference:
“Re-imagining Imprisonment in Europe: Common Challenges, Diverse Policies and Practice”
This is a ’Call for Papers and Workshops’ for the International Scribani Conference: “Re-imagining Imprisonment in Europe: Common Challenges, Diverse Policies and Practice” which will take place in Trinity College, Dublin, Ireland on September 5th to 7th 2012. (Abstracts for 20-minute papers and 90-minute workshops should be sent by 13 April 2012.)
 
The aim of this conference is to analyse some of the key features of imprisonment throughout Europe today, including the political, social and economic forces shaping prison policy and practice, and to imagine what future imprisonment might look like – in terms of prison policy, prison population size and prison conditions – by generating a new narrative of how imprisonment might be framed within a new vision and set of values.
 
This is an inter-disciplinary conference with presentations from practitioners, academics and researchers in wide range of disciplines including sociology, criminology, philosophy, law, cultural studies and theology. The conference organiser, the Jesuit Centre for Faith and Justice, is an Irish based NGO which engages in social analysis and reflection with the objective of being an actor for positive social change (www.jcfj.ie).
“Call for papers/workshops”:
There will be a number of parallel sessions held in the afternoon on day 2 and 3 day of the conference. The selection criterion is outlined in the attached document (and will be available shortly at www.jcfj.ie/news).
Abstracts should address a topic of relevance to the conference theme, for example:
What are the economic and societal costs of imprisonment?
How does prison affect women, children, migrants, families and communities?
How can we improve rehabilitation and re-integration of prisoners? For example the role of Restorative Justice.
How can prison services and aftercare be improved? (Also, the role of NGOs/civil society organisations/charities).
The role of prison personnel e.g. Prison Chaplains or Prison Officers.
The purpose of imprisonment (philosophical, sociological, theological etc.)
 Applicants should send in a completed Information Form and 300 word summary of their proposed paper or workshop. The deadline for submission of applications is Friday 13 April 12. Further details about the conference and paper/workshop topics and the application procedure can be found in the attached documents (and will be available shortly at: www.jcfj.ie/news).
 We would be very grateful for your assistance in helping us promote the conference by circulating the attached information to anyone that may be interested in the subject matter, apologies for any cross-circulation.
 If you have any questions regarding the call for papers/workshops please contact Claire Whelan, Scribani Conference Coordinator at scribaniconference@jcfj.ie or by phone on ++353 1 8556814.


C ■ “Material culture in closed spaces”

January 23, 2012
Benoit Majerus


Plan for a bed in a Belgium asylum in the 1930s

Interest for closed spaces played an important part in the critical renewal of the humanities from the 1960s on, as demonstrated in particular the work of Erving Goffman and Michel Foucault. For the past ten years, the spatial turn has provided new impetus for a greater consideration of space as a place of socialisation. These approaches, devoted to the empirical study of institutions such as the mental hospital and prison, have put the actors and social dynamics at the center of their interest. In keeping with this line of research, we propose to shift the gaze to the material cultures of these spaces.
Be it the prison, the convent, the boarding school, the nursing home, the (psychiatric) hospital or the camp, the material culture of these institutions has gained little consideration till now. Objects, however, configure the experience of closed spaces as well for those who can leave them as for those who are locked up. They allow for a detailed classification of the different populations who constitute these places. How does the staff working in confined spaces appropriate these workplaces? How do the inmates arrange this enclosing physical framework, a framework which among other things, prevents any intimacy of the daily rituals, which are open to the gaze of others. How do these two groups of actors interpret, confirm, deny and/or transform this reality?
These spaces are commonly perceived as hermetically closed. On closer inspection, it appears that they constantly open themselves up to the outside: in particular, the maintenance of buildings and of the infrastructure requires the intervention of people (artisans, gardeners, surveyors, architects…), which are commonly not associated with these spaces. But there are also objects (letters, cigarettes, combs …) that make these enclosed spaces porous. People use objects to occupy the space and to manage the time in those places. These material items provide the framework of the social construction of space. They shape the possibilities for acting of the multiple actors.
The biography of an object – the imagined object, the produced object and the acting object – allows us to rethink spatiality. Its materiality opens but also limits the actors’ scope for manoeuvre. Professional items (medical devices, weapons, handcuffs …) as well as the infrastructure (toilets, tables, beds …) must be examined in relation with the people who use them. We would like to direct the attention at the techniques applied by the actors in order to use this arsenal of objects. The unspectacular objects and the daily rituals in using them are our main interest. The interaction between actor and the materiality of the objects produces focal moments where power relations become visible and that allow us to examine the material and bodily aspects of experiences and human practices.
This workshop is aimed at social scientists and hopes to bring together two methodological trends: on one hand the interest for the analysis of social practices at the micro level and of the different meanings that actors give to their experiences and on the other hand the attention given to objects by assigning them a certain agency, an approach advocated currently by the science studies.
The workshop will be held from 11 to 12 October 2012 at the University of Luxembourg. Proposals for papers (1 page) and a brief CV should be sent by 1 March 2012 to the following address: culturematerielle@yahoo.com. The working language will be English.
Elissa Mailänder (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales / CIERA Paris)
Benoît Majerus (University of Luxembourg)

5.Débats…

▲ La Lettre d'information du site Délinquance, justice et autres questions de sécurité / Nouvelle série, n°39 (16 janvier 2012) continue de s’intéresser de près à l’objet de notre intérêt commun (il faut reconnaître que l’actualité montre qu’il y a matière à le faire !)

Sélection de textes  (à consulter ici) :

* Jean-Marc MANACH - Du fichage au flicage intégral de la population

* Nicolas BOURGOIN - 150 000 détenus en 2020 ?

* Alain BLANC et Sophie BARON-LAFORÊT - Quand la dangerosité devient l'alpha et l'omega de la justice pénale

* Laurent MUCCHIELLI - 2002-2012 : le bilan de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy

* La Rédaction - Ces personnes interpellées par la police et qui décèdent par « asphyxie posturale »

* Cédric MOREAU DE BELLAING - L’« affaire de l'IGS », ou la question du contrôle de la police en démocratie

* Laurent MUCCHIELLI - Sécurité à Marseille: la politisation nationale d'une question locale

* Hervé JOUANNEAU - Les polices municipales de la région Paca sont les plus nombreuses et les plus armées


Une Lettre précédente contenait déjà des textes intéressants :

à consulter ici :

* Laurent MUCCHIELLI - Etrangers et délinquance : fausses évidences statistiques, vraies manipulations politiques

* Georges MOREAS - Demain, des syndicats dans la gendarmerie ?

* Le Monde - La pénalisation de la prostitution (encore) en débat

* Franck JOHANNES - Les vœux amers des présidents de tribunaux

* Sabine BLANC - L’acceptation sociale de la vidéosurveillance en question


La Lettre du 25/1

Articles (à consulter ici) :

* Jean-Jacques URVOAS - Les RG, la SDIG et après ? Rebâtir le renseignement de proximité

* La Rédaction - Manœuvres et magouilles autour d'une section de Criminologie au sein du CNU

* Renée ZAUBERMAN, Philippe ROBERT, Sophie NEVANEN et David BON - L'évolution des vols de et dans les véhicules depuis le milieu des années 1980

* Cécile PRIEUR - La revanche des juges d'instruction

* La Rédaction - La DCRI est-elle devenue une police politique au service de Nicolas Sarkozy ?

Livraison du1er Février :

Article (à consulter en cliquant ici)

Elisabeth WEISSMAN - Flics. Chronique d'un désastre annoncé




► J’évoquais plus haut la DCRI… que dire du renseignement ?

Cet article sur une initiative de Floran Varillo devrait intéresser les « amis du renseignement » (qui sont aussi nos amis !)
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/a-l-elysee-le-coordonnateur-du-renseignement-est-il-conforme-a-la-constitution-25-01-2012-1423308_53.php

Sur le sujet, on lira avec intérêt ces propositions du député (PS) Urvoas : « Les RG, la SDIG et après ? »





▲ Dans la lettre de P.V. Tournier :
Arpenter le Champ pénal (30 janvier 2012)

Arpenter le Champ pénal

1 889 homicides ou tentatives d’homicides « constatés » en 2011 (Métropole)
soit + 14 % rapport à 2010, + 21 % par rapport à 2009









▲ Génocide arménien…

Suite au vote de la loi pénalisant la négation du génocide arménien, quelques textes et réactions sur cette nouvelle prétention du politique à dire l’histoire (à quand la pénalisation de la négation du « génocide » ukrainien » par Staline ?):


1/ Politis du 12 janvier 2012
La loi ne peut prescrire des normes à l’histoire
La proposition de loi votée le 22 décembre à main levée par la majorité d’une cinquantaine de membres présents de l’Assemblée nationale voudrait pénaliser la négation ou la « minimisation » des génocides « reconnus par la loi ». Etait visée la question du génocide arménien de 1915, comme l’indiquaient les déclarations de Sarkozy lors de sa visite en Arménie début octobre, mais l’absence de référence explicite dans le texte adopté et son extension à tous les génocides « reconnus par la loi » laisse planer la menace de poursuites du seul fait de nouvelles lois qualifiant de génocides d’autres massacres commis dans le passé en tel ou tel endroit de la planète.

C’est confier à la loi la qualification et l’analyse des événements qui est le travail même de la discipline historique. Or, autant la représentation nationale peut, lorsqu’il s’agit de faits graves auxquels notre nation et notre Etat ont été mêlés et dont des traces sont encore visibles aujourd’hui, prendre acte officiellement de ce qui fait consensus dans la recherche historique ; comme elle l’a fait avec les deux lois votées en 2001 : celle reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité, et celle reconnaissant le génocide des Arméniens dans l’empire ottoman – bien qu’ici le rattachement de cet événement à l’histoire française apparaisse comme moins évident – ; autant il ne revient pas à la loi de chercher à orienter le contenu de l’enseignement de l’histoire, comme voulait le faire la loi de 2005 sur la colonisation positive, ni de régenter par des sanctions pénales les propos, même faux, tenus sur le passé.

D’où les objections formulées au moment de l’adoption de la loi Gayssot par de nombreux historiens craignant qu’elle débouche sur une histoire officielle. Mais, depuis 1990, elle n’a jamais fait obstacle à la liberté de la recherche, elle ne permet de condamner aucun historien s’il s’est livré de bonne foi à une recherche utilisant les instruments scientifiques disponibles. Et surtout, elle répondait à la nécessité de réagir dans la société française à une forme déguisée de discours raciste, avatar d’un antisémitisme profondément enraciné dans notre histoire.

Mais l’atteinte limitée et justifiée à la liberté d’expression – et non à celle de la recherche historique – qu’opère la loi Gayssot ne saurait s’étendre à l’infini. Alors qu’une récente mission d’information de l’Assemblée nationale sur les questions mémorielles avait opportunément écarté la remise en cause de cette loi et des deux lois de 2001, mais affirmé que « le rôle du Parlement n’est pas d’adopter des lois qualifiant ou portant une appréciation sur des faits historiques », voici qu’en raison de préoccupations idéologiques et électoralistes, est venue cette initiative. Une initiative inopportune qui est totalement contre-productive par rapport à l’avancée nécessaire de la reconnaissance des faits par l’Etat turc.

Gilles Manceron



2/ Communiqué de la LDH :




▲ Maison de l’Histoire de France (feuilleton sans fin)
Cf  dans Politis du 10 novembre (je sais ce n’est pas réllement d’actualité, mais le sujet l’est !) la lettre d’Emmanuel Naquet dans le courrier des lecteurs




6. Archives & actualité policière

▲ « L'Inspection générale des services, soupçonnée d'avoir truqué une enquête sur des fonctionnaires de police réputés proches du Parti socialiste… » (Le Figaro)

L’affaire Yannick Blanc, les faux PVs « forgés » par l’IGS… ont suscité cette réaction d’une archiviste spécialiste de la diplomatique : à retrouver sur le blog
http://laffairemakropoulos.blogspot.com/2012/01/les-falsificateurs-2.html

« L’affaire Makropoulos
Les Falsificateurs 2.

Une affaire très étonnante, et assez énorme si elle se confirme, dérange aujourd'hui l'IGS (l'inspection générale de la police), accusée d'avoir modifiées plusieurs pièces de procédures afin de déstabiliser, puis écarter, un Directeur de la police générale. Rien que cela...

Les articles sur le site du Monde (1 et 2) et du Figaro.

Si l'effet d'annonce n'est pas tout, il s'agit d'un sujet de la dimension de Clearstream ou du scandale des écoutes de l'Elysée sous Mitterrand, dont l'épilogue en 2005 avait pourtant constitué un avertissement sérieux pour les politiques.

Et dans les trois affaires, un examen diplomatique des sources révèle soit une manipulation des documents, soit des archives au contraire "brutes" (brouillons raturés, versions initiales ensuite lissées, etc.) montrant une connaissances par les niveaux décisionnels des conséquences politiques ou légale des révélations ou nominations effectuées.

Comment peut-on encore arriver à croire, au XXIe siècle, que le seul "records" utilisable sera la version finale d'une note, à l'exclusion des versions non validées ou des dossiers préparatoires ?

Archivistiquement, ce genre de contexte judiciaire où le magistrat est souverain dans son acceptation ou non des pièces détruit totalement la notion de "records" comme "enregistrement" définitif. Malgré le sens littéral anglais du terme, il faut bien plutôt considérer que le document définitif "contamine" le dossier préparatoire et lui donne la même valeur. La notion de contamination est d'ailleurs issue des instructions sur le Secret défense, ou la classification d'une pièce d'un dossier au niveau Secret entraîne la généralisation du niveau pour le dossier, en considérant que les autres documents, de circulation restreinte ou confidentielle, contiennent ensemble l'information nécessaire pour reconstituer le Secret.

Il me semblait pourtant qu'Antoine Bello, dans le cycle des Falsificateurs, montrait assez que la notion de falsification était vouée à l'échec, sauf à être sûr de modifier tous les exemplaires diffusés du document modifié ainsi que l'ensemble de ses sources.


 

C'est quasiment impossible à faire dans une procédure judiciaire où les PVs sont établis en un original transmis au procureur et en x copies transmises à la hiérarchie, aux autorités concernées... et aux archives.

L'IGS ne lit donc que la Princesse de Clèves et n'a jamais entendu parler de Millenium ?




In fine, il faut donc considérer légalement la communicabilité des documents au niveau de l'information (=sous-partie d'un document), mais la valeur judiciaire au niveau du dossier d'affaire, voire de lacatégorie du plan de classement… »



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Publié dans Lettre aux amis...

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