Lettres aux amis de la police (et de la gendarmerie) 2011/9

 

Chers collègues et chers amis,

 

Je crois sans me tromper pouvoir affirmer que jamais l’objet de notre intérêt -sinon de notre affection- n’a suscité une telle densité éditoriale…

Échéance présidentielle oblige ? Sans doute, pour les livres politiques, mais surtout conjoncture favorable : la soutenance d’un certain nombre de thèses et l’intérêt de l’édition, du politique, de la société pour des questions, des préoccupations que le passé sert grandement à éclairer.

Au risque de redites et d’oublis, cette Lettrevous propose essentiellement un panorama des livres du printemps et de cette rentrée. Vos tables de nuit et vos bureaux déjà surchargés de lectures urgentes vont subir un nouvel assaut…

Prenez garde aux poids maximum en charge autorisés et bonnes lectures

Bien cordialement

Jmb

 

 

 

1. Des livres sur la police … comme s’il en pleuvait.

 

  • Christian Mouhanna, La Police contre les citoyens ? Champ social Editions, 2011, 200 p., 15 €

Police contre citoyen

 

Présentation de l'éditeur

Qu'est-ce qu'être policier en France aujourd'hui ? Comment expliquer les tensions entre les policiers et les jeunes, mais aussi les moins jeunes ? Pourquoi ce malaise au sein de la police ? Qu'est ce qui se joue réellement autour des chiffres de la délinquance ? A partir de 15 ans de recherches de terrain sur la police et les relations policiers-citoyens dans les banlieues sensibles comme dans les quartiers aisés, l'auteur montre comment policiers, élus et citoyens sont entraînés dans un cercle vicieux accentué par les politiques de sécurité mises en place. Une démonstration sereine, qui ne s'inscrit pas dans une logique de dénonciation, mais dans une volonté de compréhension des uns et des autres, conduisant à des remises en question sévères mais fondées.

 

 

 

  • Guy Penaud, Inspecteur Pierre Bonny le Policier Dechu de la Gestapo Française du 93 Rue Lauriston, L’Harmattan, 2011, 260 pages, 25 €

Bonny

Présentation de l'éditeur

L'inspecteur de police Pierre Bonny (1895-1944), bordelais d'origine, est un personnage hors du commun. Car, être impliqué, comme ce policier, dans des affaires aussi célèbres que celles de Guillaume Seznec, de l'Action française, d'Alexandre Stavisky, du conseiller Albert Prince, du préfet de police Jean Chiappe, de la Cagoule, d'Eugène Deloncle, du docteur Marcel Petiot, de Joseph Joinovici, de Geneviève de Gaulle et de la "Gestapo française" du 93, de la rue Lauriston à Paris, sort vraiment de l'ordinaire. Grâce à des archives souvent inédites, Guy Penaud retrace l'étonnant destin d'un homme qualifié un jour, par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, de "premier policier de France", et fusillé, dix ans plus tard, comme le pire des criminels.


(On doit à Guy Penaud, commissaire principal de police honoraire et historien, spécialiste des affaires judiciaires le meilleur ouvrage sur l’affaire Seznec)

 

 

 

 

  • Jean-Marc Berlière, La Naissance de la police moderne, Perrin, Tempus, 2011, 412 pages, 10 €

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Présentation de l'éditeur

Au tournant des XIXe et XXe siècles, la police française a connu la plus grande mutation de son histoire, les réformes des préfets Louis Lépine et Célestin Hennion faisant entrer l'institution policière dans la modernité. Souci de la formation des policiers à des métiers spécifiques, naissance de la police technique et scientifique, recherche d'un maintien de l'ordre qui ne tue plus, obsession de l'image des agents, nouvelles techniques d'investigation, début de l'étatisation des polices municipales, création d'une police judiciaire mobile, moderne et spécialisée : le cadre dans lequel police et policiers vont évoluer jusqu'à aujourd'hui se met en place alors que des dysfonctionnements endémiques, la "guerre des polices" ou le sentiment d'insécurité questionnent déjà une institution critiquée. Cette mise au jour des racines de la police moderne était donc indispensable : elle permet d'éclairer et de comprendre les origines des problèmes de notre temps.

(NB de l’auteur : il s’agit de la réédition remaniée et actualisée d’un ouvrage paru chez Denoël et depuis longtemps épuisé : Le Préfet Lépine, aux origines de la police moderne)

 

 

  • Emmanuel Blanchard, La Police parisienne et les Algériens, Nouveau Monde éditions, 2011, 448 pages, 26 €

Présentation de l’éditeur :

Le « problème nord-africain » : c’est ainsi que la police a pris pour habitude de qualifier après-guerre la question des Algériens installés en région parisienne. Théoriquement égaux en droit avec les autres citoyens français, ils étaient cantonnés à certains emplois et quartiers, en butte à une forte emprise policière et objets de nombreux fantasmes touchant à leurs pratiques sexuelles ou délinquantes.

De 1925 à 1945, les Algériens ont été « suivis » par une équipe spécialisée, la Brigade nord-africaine de la préfecture de police. Celle-ci dissoute, les « indigènes » devenus « Français musulmans d’Algérie » sont désormais l’affaire de tous les personnels de police. Au début des années 1950, l’émeute algérienne devient un sujet de préoccupation majeur, exacerbé par la répression féroce de la manifestation du 14 juillet 1953, place de la Nation. Une nouvelle police spécialisée est alors reconstituée avec la Brigade des agressions et violences. Ses objectifs : pénétrer les « milieux nord-africains » et ficher les Algériens.

Entre 1958 et 1962, dans le contexte de la guerre ouverte en Algérie, le répertoire policier se radicalise : il faut désormais « éliminer les indésirables ». Rafles, camps d’internement et retours forcés se multiplient. Les brutalités policières deviennent fréquentes, jusqu’à la torture. Le préfet de police Maurice Papon reçoit un « chèque en blanc » pour combattre le FLN. Les massacres d’octobre 1961 incarnent le moment le plus tragique de cette période noire. Les mécanismes en sont éclairés par une étude historique rigoureuse fondée sur des archives et des témoignages inédits.

 

 

  • L'identification biométrique : Champs, acteurs, enjeux et controverses, (sous la dir. de Ayse Ceyhan et Pierre Piazza), MSH, 454 pages, 29€

Identif biomet

Depuis quelques années, tant au niveau national que transnational, la biométrie s'impose comme une technologie privilégiée d'identification des personnes. En effet, elle fait l'objet d'un essor considérable dans la sphère domestique, dans les établissements scolaires, dans les entreprises, dans le champ de la sécurité, etc. Ce phénomène soulève une profusion de nouveaux enjeux. De quelle manière appréhender la biométrie au regard de l'histoire longue des procédures visant à déterminer et fixer la singularité de chacun ? Comment les dispositifs biométriques fonctionnent-ils ? Quelles populations prennent-ils prioritairement pour cible ? Comment la biométrie affecte-t-elle la notion d'identité individuelle et le statut conféré au corps humain ? Constitue-t-elle une menace pour la vie privée et les droits fondamentaux ? A quels enjeux économiques renvoie-t-elle ? Dans quelle mesure son utilisation transforme-t-elle les logiques à l'oeuvre dans l'univers policier ? Pourquoi certains l'accepte-t-ils sans rechigner tandis que d'autres s'y opposent avec virulence en pointant les graves dangers dont elle serait porteuse ? Ce sont quelques-unes des questions passionnantes auxquels s'intéressent les nombreuses contributions ici rassemblées. Croisant les regards de chercheurs issus de pays et de disciplines différentes (histoire, droit, science politique, anthropologie, philosophie, etc.) et ceux d'acteurs en prise directe avec certains aspects de la biométrie du fait des fonctions qu'ils exercent, cet ouvrage collectif s'impose comme incontournable pour tous ceux qui sont désireux de mieux comprendre la complexité d'un sujet au cœur de l'actualité n'ayant pourtant jusqu'alors été que très peu étudié.

 

 

  • Jean-Marc BERLIERE et René LEVY, Histoire des Polices en France de l’Ancien régime à nos jours, Nouveau Monde éditions, 2011, 768 pages, 26€

Histoire des polices en France

 

Présentation de l'éditeur

L'efficacité policière est devenue un enjeu politique et électoral majeur dans une démocratie en proie à l'angoisse sécuritaire. Combinant histoire longue et histoire immédiate, ce livre propose la première synthèse globale des polices sur trois siècles, couvrant leurs principales missions : l'ordre public, la police criminelle et la police politique. De la création de la lieutenance de police par Colbert et Louis XIV en 1667 au récent rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l'Intérieur, en passant par la création de la Police Nationale par Vichy au printemps 1941 et le rattachement de la préfecture de police à la Police Nationale par de Gaulle en 1966, tout montre l'attention extrême de tous les régimes pour un instrument qui semble inséparable du politique. Malgré l'image courante d'une institution purement étatique et centralisée, l'ouvrage s'attache à décrire un monde pluriel, traversé de concurrences séculaires entre le privé et le public, le local et le national (voire l'international), le civil et le militaire, les amateurs et les professionnels. C'est l'histoire de toutes ces polices, de leurs rapports délicats avec le pouvoir, de leurs réformes et de leurs missions, des fantasmes et des sentiments contradictoires qu'elles suscitent qui constitue l'objet de cet ouvrage sans précédent.

 

 

  • Fichés ? Photographie et identification 1850-1960, Perrin, 2011 (sous la dir. de Jean-Marc Berlière et Pierre Fournié), 335 pages, 28€

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Un « beau livre », de présentation originale, qui constitue le « catalogue » de l’exposition du même nom qui va se tenir à l’Hôtel de Soubise (Archives Nationales), rue des Francs Bourgeois, du 27 septembre au 27 décembre 2011. L’occasion de découvrir des centaines de documents, tous consultables, tirés de séries et de sources documentaires qui suscitent beaucoup de fantasmes… Des albums de femmes galantes aux toxicomanes, du « missel des communards, aux « albums DKV » de la police spéciale des chemins de fer, des frontières et des ports, des livrets anthropométriques de nomades aux fichiers de la Carte d’identité, des Bulletins de police criminelleau recensement en Algérie, des fichages des étrangers soupçonnés d’espionnage aux demandes de passeports… des milliers de photos qui étonnent, interrogent, émeuvent, surprennent, mais aussi des meubles, des appareils de prise de vue, des casiers, et un « mur de fiches » élaboré à partir d’une infime parcelle du mythique « fichier central » saisi par les Allemands en 1940…

 

 

  • Malcolm ANDERSON, In Thrall to Political Change: Police and Gendarmerie in France, Oxford University Press, 2011, 496 pages, 85 €

Police and gendarmerie in France

 

Une analyse pleine de finesse de l’histoire des polices françaises par le meilleur connaisseur britannique de la question. Un superbe livre comme toujours chez OUP… le prix est hélas lui aussi « comme toujours » chez OUP et les éditeurs anglo-saxons…

Étudiants, chercheurs, « academics », grand public de tout poil et néanmoins anglophones n’auront plus d’excuses pour ignorer et confondre police et gendarmerie, CRS et PJ…

 

Présentation de l'éditeur

This is the first history of the French police and gendarmerie, for the period since the establishment of a democratic Republican regime in 1870 down to the present day. Based on archival material and on the vast amount of recent research by French scholars on the subject, it covers dramatic and often harrowing developments - anarchist and communist subversion, violent demonstrations and strikes, fascist threats, war and occupation, colonial conflicts and regime change - which have made policing in France troubled and controversial. As well as a chronological history, the book contains a thematic treatment of the police and the Republican regime (including the complex police-justice and police-military relations, the politics of police officials analysing the charge of racism, politico-police scandals, and inequalities of policing), of major controversies (over political policing, municipal or central control of the police, and modernisation), and of areas which pose problems for which there is no clear solution (use of force and police violence, police accountability, private security, and internationalization). In conclusion, the relations between the police and the public, and the place of the police in the political order are assessed. It is inter-disciplinary in approach using the academic literature in sociology, history, political science, criminal justice as well as the writings of police practitioners. The subject is placed in the context of international debates on policing, and the language used is free of jargon and the use, without explanation, of French terms. The bibliography and sources are a basic guide for further study of the subject.

 

 

  • Stéphane LEMERCIER, Victimes du devoir. Les policiers français morts en service, éditions du Prévôt, 336 pages, 22 € (préface de Jean-Marc Berlière, postface de Laurent Mucchielli)

Couverture VDD

 

Présentation éditeur :

Depuis 1804 (date officielle du premier policier tué en service) à nos jours, plus d'un millier de policiers français ont trouvé la mort dans l'exercice de leurs fonctions. Attentats, incendies, accidents de circulation ou décès en opération, les causes sont multiples. Le lecteur découvrira avec étonnement les situations inhabituelles auxquelles sont parfois confrontés les policiers de terrain et la mince frontière qui les séparent de la mort, de leur mort. De l'adjoint de sécurité au commissaire en passant par les « auxiliaires de police », ce sont plus de trois cents récits concernant des hommes et des femmes que rien ne prédisposaient à entrer dans l'histoire,qui voulaient simplement accomplir leur devoir.

Il aura fallu beaucoup de persévérance et de ténacité à l'auteur pour mener à bien ses recherches. Le sujet est délicat à traiter et les informations disponibles sont rares. Mais après plusieurs années d'un travail acharné, il nous livre enfin le résultat de son étude sur les circonstances dans lesquelles les policiers ont payés de leur vie la protection des personnes et des biens. Loin d'être un catalogue morbide ou un mode d'emploi pour criminels en lutte contre la société et ses représentants, c'est surtout une réflexion sur les mesures à envisager pour mieux appréhender les risques professionnels, sur l'importance des formations initiales et continues pour travailler davantage en sécurité et sur le rôle primordiale de la hiérarchie dans le processus de deuil pour ceux qui restent.

 

À commander en ligne à l’adresse suivante : http://www.editionsduprevot.com/boutique-vdd/

 

 

 

  • Jean-Paul PICAPER, Berlin-Stasi, éditions des Syrtes, 2009, 505 pages, 22€

Pas réellement une nouveauté (mais la table de nuit est terriblement encombrée…)

Pour les nostalgiques des paradis perdus !

 

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Présentation éditeur :

Berlin, 9 novembre 1989... Le mur est ouvert. La République démocratique allemande ferme boutique. Son existence ne tenait qu'à un mur. Un mur qui n'était que la partie visible de l'iceberg. Dessous se cachait la Stasi, ce monstre tentaculaire de la guerre froide, cette police secrète à qui rien n'échappait. C'est dans son antre que nous emmène l'auteur. Pendant près de trente ans, il a affronté à Berlin-Ouest et en RFA les agitateurs et désinformateurs stipendiés de la Stasi, déjouant ses traquenards à Berlin-Est et en RDA. Il a vécu aussi l'infiltration du mouvement étudiant des années 1960 et de divers organismes d'Allemagne de l'Ouest ; il a contacté à maintes reprises des dissidents est-allemands et collaboré avec eux, menant sa petite guerre personnelle contre cette dangereuse organisation tout au long de la guerre froide. A partir de son expérience, de témoignages poignants, d'entretiens avec des espions et leurs victimes, il nous entraîne dans les arcanes du " meilleur service d'espionnage de l'histoire ", et nous fait vivre le quotidien d'une dictature, mêlant à la fois l'analyse rigoureuse du politologue et la narration du journaliste. Un document rare.

 

 

  • Clive Emsley, Paul Lawrence, Chris Williams et Georgina Sinclair (ed.) The History of Policing,

4 volumes collectifs édités par Ashgate au prix de 150 £ chaque ou 525 £ le « 4 volumes set »… (environ 695€)

 

Des textes importants par des spécialistes incontestables…

Si vous gagnez au loto ou si votre BU a reçu un gros chèque du Qatar ?


Présentation éditeur :

In recent years the history of police and policing has become a key area of debate across a range of disciplines: criminology, sociology, political science and history.
This authoritative series brings together the most important and influential English-language scholarship in the field, arranged chronologically across four volumes. The series includes articles on the shifting meaning of 'police', the growth of bureaucratic policing during the late eighteenth and nineteenth centuries, consolidation in the twentieth century, and the international diffusion of export models and practices. The texts included come from a range of disciplines and chart the recent debates from traditional Whig history, revisionist work published during the last quarter of the twentieth century, and subsequent reassessments.
Each volume is edited by a historian recognised as an authority in the area, and features an introductory essay which explains the key changes in the period and the significance of the selected articles and essays. The series provides a valuable resource for scholars new to the area as well as for those who may have overlooked an important essay or article published in an edited collection, or in a journal with limited circulation or from a discipline that they might not normally consult.

 

 

  • Michel PORRET (avec Marco CICCHINI, Vincent FONTANA, Ludovic MAUGUÉ, Sonia VERNHES RAPPAZ ) La chaîne du pénal. Crimes et châtiments dans l'Ancien Régime, Archives d’état, Genève, 2011.

 

Chaine-du-penal.jpgCatalogue de l’exposition du même nom aux archives d’état à Genève.

Un ouvrage bel et bon, une écriture à la fois savante, précise, distanciée et concernée bien dans l’esprit de cette « école de Genève » que Michel Porret anime et inspire…

On peut aussi consulter l’expo en ligne à l’adresse suivante

http://etat.geneve.ch/dt/archives/chaine_penal-66-4889-11778.html


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Vincent MILLIOT, Un policier des lumières suivi de Mémoires de J.C.P. Lenoir ancien lieutenant général de police de Paris, écrits en pays étrangers dans les années 1790 et suivantes, Champ Vallon, 1152 pages, 33€

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Présentation éditeur :

 Cet imposant ouvrage en deux volets comprend d’abord un essai consacré à la police parisienne au temps des Lumières, inscrit dans les tendances les plus récentes de l’historiographie policière. Il propose un regard neuf et nuancé sur cette institution et sur ses transformations entre la fin du XVIIe siècle et la Révolution française. Cet essai est, notamment, nourri par la lecture critique des Mémoires de Lenoir, ancien Lieutenant général de police, en charge pendant la première décennie du règne de Louis XVI (1774-1785). Le second volet de cet ouvrage en propose, pour la première fois, la transcription et l'édition annotée.
Ces « Mémoires » souvent cités, utilisés ponctuellement, sont toutefois demeurés inédits jusqu’alors et n'ont jamais été donnés à lire dans leur intégralité.  Ils constituent une sorte de monument inachevé, érigé en défense de la police parisienne de l'Ancien Régime, souvent considérée comme un modèle à l'échelle de l'Europe mais lourdement critiquée alors que s'ouvre la Révolution. Lenoir s’y montre à la fois mémorialiste témoignant de son activité passée et la justifiant face à la postérité, et homme d’expérience qui réfléchit sur les conceptions et les pratiques de la police. Ces mémoires représentent également une source magnifique sur l'histoire de Paris, un vivier pour l'histoire administrative et l'histoire de la police, à une époque où les projets réformateurs abondent. La publication est assortie d'un catalogue du manuscrit qui est inédit.

  • Yagil LIMORE, La France, terre de refuge et de désobéissance civile (1936-1944) : Exemple du sauvetage des juifs Tome 2, Implication des fonctionnaires, le sauvetage aux frontières et dans les villages-refuges, Cerf, 2010, 398 pages, 37€

Dans lequel il est beaucoup question de policiers et gendarmes…

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Présentation de l'éditeur :

Exceptionnelle, la désobéissance civile débuta comme une attitude individuelle dès 1940, puis se généralisa au fil des mois, prenant la forme de réseaux d'entraide, composés souvent de personnes ayant un lien antérieur entre elles. Dans ce deuxième volume, Limore Yagil montre comment, en zones libre et occupée, certains préfets, gendarmes et policiers ont choisi de désobéir et de ne pas arrêter, ni signaler la présence de Juifs, mais de les cacher ou de leur fournir de faux papiers. Si quelques rares fonctionnaires sauvèrent l'honneur en s'engageant dans la Résistance, nombreux étaient cependant ceux qui décidèrent d'agir discrètement pour sauver des Juifs. Le long des frontières et de la ligne de démarcation, ainsi que dans de nombreuses localités-refuges, on constate l'activité courageuse des uns et des autres pour secourir des Juifs, enfants ou adultes. On connaît le rôle du Chambon-sur-Lignon en faveur des Juifs pendant la période de l'Occupation, ou celui des habitants des Cévennes et de la Drôme. On connaît moins l'histoire des villages-refuges dans la Sarthe, le Gers, l'Isère, le Vaucluse, le Lot-et-Garonne, la Creuse, la Vendée, le Loir-et-Cher, etc. Fondée sur des archives de différentes sources, son enquête brosse des tableaux d'histoires locales, de pratiques culturelles, soulignant l'alliance de la géographie humaine et de l'histoire. Foisonnant d'informations, ce livre est à la mesure de ce sujet si singulier, qui mérite une nouvelle réflexion plus de soixante-dix ans après les événements.

 

 

 

 

 

2. Actualité, débat…

 

 

  • Jean-Jacques URVOAS, 11 Propositions chocs pour rétablir la sécurité, Fayard, 2011, 168 pages, 12€. Préface de Pierre Joxe.

 

Voici ce qu’en écrit Laurent Mucchielli (http://www.laurent-mucchielli.org/) dans son blog: Jean-Jacques Urvoas promet une mini-révolution au ministère de l’Intérieur


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Le livre d’un politique qui a vraiment étudié la question et sort des banalités de café du commerce habituelles… ça change.

 

 

Jean-Jacques Urvoas est député de Quimper (élu en 2007) et secrétaire national chargé de la sécurité au sein du Parti socialiste, depuis mai 2009. Quelles que soient les opinions politiques de chacun, force est de reconnaître que, en deux ans, cet ancien universitaire a travaillé comme aucun responsable politique avant lui. De fait, le livre qu’il vient de publier aux éditions Fayard (11 propositions chocs pour rétablir la sécurité, préface de Pierre Joxe) n’a rien à voir avec les exercices du genre habituels en politique, consistant simplement à afficher une posture politico-médiatique sans connaître réellement les dossiers, dans des livres ou des rapports largement écrits par d'autres. Dans ce livre, M. Urvoas explique dans le détail ce qu’il a appris en deux ans de travail, ce qu’il en a conclut et donc ce qu’il aimerait faire s’il était demain aux responsabilités, quitte à bouleverser beaucoup d'habitudes et à ouvrir quelques débats de fond. Encore une fois, la chose est tellement rare qu’elle mérite d’être prise très au sérieux, que ce soit pour appuyer ses propositions ou pour les critiquer.

1- « Rénover le sens de l’autorité »

Ce premier point exprime la philosophie générale du propos. Les policiers et les gendarmes sont là avant tout pour la protection des citoyens et non celle de l’État, encore moins des intérêts personnels d'un ministre ou d'un président. Tel est le principe de base qui doit être rétabli pour M. Urvoas, et doit permettre de dissiper le malaise actuellement grandissant d’une part entre la police et la population, d’autre part au sein même des forces de l’ordre. Il doit permettre ensuite de clarifier le fonctionnement institutionnel de la police nationale où règnent actuellement trop souvent l’esprit de chapelle, une multitude de corps, de services, d’unités, de pré-carrés, toutes choses qui diluent la politique de sécurité et la chaîne de commandement. On ne peut qu’approuver le principe. Par ailleurs, l’on aurait aimé en savoir plus sur le rôle des syndicats, qui n'est qu'évoqué en passant. Comme critique générale de la situation actuelle, on s’attendait aussi à un développement sur l’autorité comme découlant de la légitimité et non de la menace, ainsi qu’à un passage sur la police de proximité (dont l’existence est un débat récurrent). On en est frustré.

2- « Renforcer la cohérence entre sécurité et justice »

« Le conflit larvé qui oppose depuis trop longtemps le tribunal au commissariat est source de gaspillage et d’impuissance ; en les unissant sous une même autorité, en les faisant travailler ensembleau service de l’intérêt général, on dégagerait à un coût raisonnable les moyens nécessaires à l’action et on garantirait l’efficacité de celle-ci sur le terrain, pour le plus grand profit de nos concitoyens» (p. 47). M. Urvoas propose ainsi de s’inspirer des Pays-Bas pour bâtir un seul grand ministère « comprenant, outre les attributions de la justice, la gestion de la police et de la gendarmerie ainsi que le contrôle des polices municipales et des sociétés de sécurité privées». Ceci aurait l’avantage de faire coïncider les territoires et il faudrait par ailleurs expérimenter des dispositifs pour désengorger les tribunaux. Loin de l’affaiblir, ceci redonnerait du poids à la justice qui, actuellement, est à la traîne et dépend presque entièrement des décisions policières en amont. Voilà une proposition en forme de petite révolution institutionnelle, qui mérite d’être discutée longuement !

3- « Décharger les policiers et les gendarmes des tâches administratives »

M. Urvoas propose d’en finir avec l’hypocrisie de la RGPP : « faire plus avec moins ». Le résultat est que les policiers sont de moins en moins présents sur la voie publique, que les lieux d’accueil sont de moins en moins accueillants... En bref, ce sont les citoyens qui en pâtissent. Il affirme donc qu’il faudra procéder à des recrutements, notamment dans le secteur administratif et technique, afin de soulager les policiers de ces tâches et les remettre sur le terrain. On fera aussi des économies car ces postes administratifs coûtent moins chers. Hélas, M. Urvoas oublie de donner ici les exemples concrets (s’agit-il de l’accueil téléphonique et humain dans les unités, de la gestion des stocks, des véhicules, ... ?) qui auraient permis à chacun de comprendre plus immédiatement l’enjeu.

4- « Penser l’avenir »

« A quoi sert l’INHESJ ? » (Institut National des Hautes Études sur la Sécurité et la Justice). Cette organisation hyper-centralisée est « bâtie sur un modèle que les apparatchiks soviétiques des années 1950 n’auraient pas renié» (p. 55). L’IHESI créé en 1989 par Pierre Joxe fonctionnait bien, pourquoi l’avoir démantelé ? Pour M. Urvoas, c’est parce que l’objectif de connaissance a disparu et que la droite au pouvoir ne s’intéresse qu’à contrôler les connaissances et surtout les statistiques. Ainsi, l’ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales) n’est pas un organisme indépendant, son activité principale est de retraiter les données du ministère de l’Intérieur, les statistiques de police. Il est trop proche du pouvoir politique, pas assez indépendant, pas innovant, il n’est pas force de proposition. Il est une caution du pouvoir politique plus qu’autre chose. « Supprimons-le donc et défrichons le vaste terrain de l’évaluation des politiques de sécurité » (p. 58). Cette évaluation est actuellement engluée dans une confusion dramatique entre la recherche de « bons résultats » et celle des « bons chiffres ». Il faut là aussi en finir avec ce culte du chiffre qui n’est qu’une stratégie de contrôle politique. Enfin, M. Urvoas propose d’élargir le champ de l’évaluation de l’action policière : 1) il faut bien entendu conserver des indicateurs de l’action répressive contre la délinquance, mais il faut aussi se doter de moyens d’évaluer 2) le sentiment d’insécurité d’une partie de la population (M. Urvoas a bien compris que le sentiment d’insécurité est largement indépendant de l’état réel de la sécurité sur un territoire), 3) la politique de prévention, 4) la sécurité de l’État. Saluons vivement cette conception de l’évaluation indépendante et cette compréhension du caractère non exclusivement répressif de l’action policière car elle correspond à la réalité.

5- « Adapter l’implantation des forces de sécurité aux besoins des territoires »

Le constat est ancien : il y a inadéquation entre l’intensité des phénomènes de délinquance et la répartition des effectifs. Dans le passé, plusieurs ministres - dont Nicolas Sarkozy - ont promis d’en finir, aucun n’y a vraiment réussi. Il faut pourtant revoir la règle du seuil de 20 000 habitants (et ses nombreuses dérogations qui maintiennent en zone police des villes encore plus petites). « En clair, il faut fermer les commissariats implantés dans certaines petites villes isolées en zone gendarmerie, y installer des militaires et affecter les effectifs policiers ainsi libérés aux grandes villes, beaucoup plus criminogènes» (p. 66). Au total, M. Urvoas estime que près de 140 communes seraient concernées et permettraient de libérer près de 9 000 effectifs de police nationale à repositionner sur des villes plus grandes, le tout sans que cela bouleverse l’organisation des gendarmes. Il produit en annexe de son livre quelques cartes illustrant les cas les plus emblématiques. On ne peut que l’approuver là encore.

6- « Déconcentrer la police sur une base régionale »

M. Urvoas estime que « l’instrumentalisation politique dont la police est aujourd’hui victime doit prendre fin». Pour ne pas que cela se reproduise à l’avenir, il veut en finir avec l’hyper-centralisation jacobine. Actuellement, « la centralisation se révèle source d’impuissance et altère le sens des responsabilités, car elle a pour inévitable corollaire le sacrifice, à tous les échelons de la hiérarchie, de ce principe de subsidiarité dont la mise en œuvre est la condition indispensable au bon fonctionnement et à l’optimisation de toute institution » (p. 76). Le système actuel repose sur « la négation du local ». Il faut au contraire décentraliser et M. Urvoas propose de « régionaliser le commandement opérationnel de l’action policière». L’institution sera mieux gérée, la hiérarchie locale retrouvera un pouvoir d’initiative et une faculté de discernement. On pourra mieux adapter les moyens au terrain car, qu’on le veuille ou non, « la réalité de la délinquance de la Bretagne, par exemple, est très distincte de celle observée en Provence ou en Alsace». Tous les travaux d’évaluation des partenariats locaux plaident en effet dans ce sens et montrent les conséquences négatives du jacobinisme français.

7- « Supprimer la préfecture de police de Paris »

Voilà encore une proposition qui fera grincer bien des dents. C’est pourtant « une hérésie juridique qu’il est temps d’abolir» (p. 83). Héritage historique, statut et fonctionnement uniques en France et dérogatoires à bien des règles administratives. Voilà « une entité qui incarne toutes les dérives de la doctrine d’emploi actuelle des forces de l’ordre» : hyper-centralisation, protection de l’État avant celle des citoyens, dépendance directe au pouvoir politique et politisation de la hiérarchie, favoritisme (la PP échappe comme par miracle à la RGPP !), mépris des élus locaux, organisation illisible faite d’une succession de niches, puissants corporatismes... Pour M. Urvoas, l’Ile-de-France doit devenir une région comme les autres.

8- « Bâtir des stratégies locales de sécurité »

Nous sommes le pays le plus centralisé. Partout ailleurs en Europe, la police des villes ne dépend pas directement et uniquement de l’État. Certes, ce dernier doit bien entendu gérer seul la sécurité du territoire national (le renseignement, la police aux frontières, les CRS et gendarmes mobiles). Mais, ce n’est pas à l’État de définir et gérer seul la police locale, sinon l’on en arrive à la caricature actuelle : « Institution aujourd’hui étatique, la police des villes épouse les orientations, les objectifs et parfois les passions du pouvoir central. Or ceux-ci ne tendent pas à la résolution des problèmes locaux. La priorité d’un préfet, c’est l’ordre public, une partie de ses primes en dépend. Le souci d’un commissaire, du fait de l’application forcenée de la culture du chiffre, c’est d’abord la production de bonnes statistiques. Mécaniquement, l’addition de ces deux logiques conduit à l’annihilation à peu près complète de toute relation de responsabilité entre la police locale et son territoire» (p. 90-91). Il faut en sortir et donner réellement plus de pouvoir au maire (ce que la loi du 5 mars 2007 a annoncé mais n’a pas fait) : « Il est indispensable d’ériger le maire en véritable coordonnateur des actions locales de sécurité, répression comprise, plutôt que de le cantonner dans un rôle anecdotique de partenaire de plans orchestrés par l’État et ses administrations déconcentrées, sur lesquelles il n’a pas la moindre prise hiérarchique». Pour M. Urvoas, il faut reprendre la décentralisation initiée par la gauche en 1982 pour tout ce qui concerne la police de la vie quotidienne, la sécurité publique et la délinquance de voie publique. Les citoyens ont tout à y gagner. Tout ceci nous paraît essentiel.

9- « Dédier les polices municipales à la tranquillité publique »

Le paradoxe actuel est que l’État maintient son emprise totale sur l’action locale de la police et de la gendarmerie tout en réduisant ses effectifs et en s’engageant dans des stratégies de délégation et de substitution, principalement avec les polices municipales. Le tout en laissant ces dernières dans le vague concernant leurs missions et prérogatives. M. Urvoas propose de sortir enfin de cette confusion et des dérives locales qu’elle encourage. Il faut d’abord clarifier les missions : aux polices municipales la tranquillité, la sécurité et la salubrité publiques locales dans une doctrine de proximité privilégiant le dialogue et la médiation. Pas question d’étendre les pouvoirs à la police judiciaire comme le gouvernement actuel tente de le faire (mais le Conseil Constitutionnel a fixé des limites sur ce point). Concrètement, cela implique aussi la fin de l’imitation de la police nationale par les polices municipales. M. Urvoas estime qu’il faut différencier les uniformes, les véhicules et la signalétique et qu’il faut retirer leurs armes à feu à la minorité des polices municipales qui en sont équipées actuellement (les armes de 6ème catégorie suffisent : bâtons de défense, bombes lacrymogènes). Cela confortera leur lien avec la population et leurs conditions de travail sur la voie publique au quotidien. Les policiers municipaux ont tout à y gagner. Même si, dans la réalité, les policiers municipaux dotés d’armes à feu ne sont qu’une minorité, il faut pourtant un vrai courage politique pour préconiser ce désarmement partiel. Comme il fallait s’y attendre, cette proposition fait hurler certains syndicats de policiers municipauxqui font du port d’une arme à feu un symbole fondamental de la fonction policière, indépendamment de la réflexion sur les missions. Comme si l’autorité et le respect se gagnaient par la force et la menace...

10- « Valoriser les compétences des CRS »

La France est le pays le plus doté en effectifs de maintien de l’ordre : près de 11 300 dans 61 compagnies de CRS et 16 500 dans 123 escadrons de gendarmerie mobile. Ces forces sont sous-employées, surtout les CRS. La carte de leur implantation est obsolète. Leur emploi est irrationnel et c’est parfois une gabegie pour les finances publiques (des milliers de kilomètres à parcourir, des centaines de nuits d’hôtel à payer, un nombre énorme de jours de récupération...). La stratégie actuelle est de faire porter là le premier effort de RGPP : on taille à la hache dans les effectifs. M. Urvoas propose plutôt de mieux utiliser ces effectifs, en renfort sur la sécurité publique et dans la lutte contre les « violences urbaines ». Il propose ensuite de régionaliser là aussi le commandement et l’utilisation de ces forces de police. Les CRS interviendraient plus rapidement, les moyennes villes pourraient aussi en profiter, plutôt que de s’ennuyer parfois dans leurs casernes ils soutiendraient les missions de sécurité publique et renforceraient la présence policière sur le terrain.

Si on voit bien la pertinence de cette réorganisation et de ce principe général de meilleur emploi, on regrettera toutefois ici l’absence de définition de ce que sont les « violences urbaines » et l’absence d’analyse montrant en quoi les CRS seraient particulièrement outillés pour assurer la sécurité publique dans les « zones sensibles ». Sauf à considérer que la police de ces territoires doit être essentiellement du maintien de l’ordre... remède qui risquerait d’être pire que le mal ! On perçoit ici la limite d’une analyse interne à l’institution policière lorsqu’il s’agit de bâtir une politique de sécurité globale (point sur lequel on reviendra en conclusion). On fait aussi le lien avec l’absence de développement sur la police de proximité dans le reste du livre.

11- « Restaurer le rayonnement de la gendarmerie »

Nicolas Sarkozy a rattaché la gendarmerie au ministère de l’Intérieur en 2002. Depuis, le rapprochement des deux forces de police a été constant au niveau organisationnel. M. Urvoas ne propose pas de revenir en arrière : trop tard, ce serait trop compliqué et trop cher de « rebrancher un à un tous les tuyaux avec le ministère de la défense» (p. 118). Il sait que, symboliquement, cela plairait aux gendarmes, mais ces derniers se diraient aussi que les efforts de ces dernières années ont été en pure perte et qu’ils sont à la merci des girouettes politiques. « Mieux vaut dès lors travailler à l’élaboration des mesures qui permettront de garantir durablement, au sein du ministère de l’Intérieur, le caractère militaire de la gendarmerie et les avantages institutionnels et opérationnels qui en découlent». Pas question de « diluer l’Arme » comme le pouvoir actuel l’a fait avec la police du renseignement. M. Urvoas propose au contraire de conforter le statut militaire dans la cadre d’une fonction publique militaire unique qui serait placée auprès du Premier ministre. Idée intéressante, même si elle semble avoir peu de chances d’aboutir un jour. Il propose aussi la nomination d’un civil à la tête de la gendarmerie. Il sait que cela va susciter « l’émoi et l’inquiétude », pourtant il montre que cela ne desservirait pas les intérêts des gendarmes. De fait, la présence d’un militaire à la tête de la DGGN ces dernières années n’a nullement empêché les gendarmes d’avaler toutes les couleuvres préparées par le pouvoir politique. Selon lui, il vaut beaucoup mieux conforter réellement la présence de la gendarmerie au sein du ministère de l’Intérieur : « Le transfert de la gendarmerie ne fut, dans les faits, qu’une simple intégration entérinant - voire renforçant - la domination de la hiérarchie policière. C’est donc l’architecture globale du ministère qu’il faut repenser» pour y valoriser la gendarmerie (p. 124).

Un mot de conclusion

De notre point de vue de chercheur sur les questions de sécurité et de justice, au-delà de l'avis que l'on peut avoir sur telle ou telle (et l'on a vu nos critiques sur certains points), ces 11 propositions de M. Urvoas sont fort intéressantes et ont le grand mérite d'ouvrir des débats de fond. Encore une fois, à gauche comme à droite, nous ne connaissons aucun responsable politique ayant travaillé de façon aussi sérieuse sur ces questions ces dernières années. Reste que le titre de ce livre peut induire en erreur. Il ne saurait s’agir à travers ces propositions de « rétablir la sécurité » en France. Il s’agit plutôt d’établir un fonctionnement plus efficace des forces de sécurité, au service de la population. C'est une condition nécessaire mais non suffisante de l’amélioration réelle de la situation, car la sécurité ne dépend pas que des forces de l’ordre, elle dépend aussi d’autres institutions (éducatives, sociales, médicales, judiciaires...) ainsi que du contexte socio-économique. La sécurité est une question globale et complexe qui ne se réduit pas à un problème de police.

 

3. Séminaires, colloques…

 

 

Dans l’attente du programme de quelques séminaires «spécialisés comme celui de J.-N. Luc sur la gendarmerie à Paris 4, voici celui de Sébastien Laurent (Science-Po) :


 

  • Histoire du renseignement / 8eépoque

 

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Après avoir successivement évoqué au cours de ses précédentes saisons le «printemps français du renseignement» (printemps 2008), l’impact des crises balkaniques sur le renseignement (automne 2008), le renseignement post-colonial (printemps 2009), le contrôle parlementaire du renseignement en Europe (automne 2009), l’espionnage dans la fiction (printemps 2010), l’évolution de la notion de renseignement militaire (automne 2010) et, dernièrement, le renseignement confronté aux libertés publiques (printemps 2011) le séminaire METIS sur le renseignement et les sociétés démocratiques consacre sa huitième saison aux perspectives européennes du renseignement.

Malgré quelques réalisations issues des guerres balkaniques des années 1990 et de la coordination anti-terroriste, il n’existe pas à proprement parler aujourd’hui de politique ou de structure européenne de renseignement. Le rôle persistant des souverainetés nationales a en effet conduit à rappeler dans le Traité sur l’union européenne que la sécurité nationale demeure de la seule responsabilité des Etats membres.

Le renseignement européen est-il pour autant un «non-sujet» ? METIS se propose de le vérifier en arpentant un domaine qui ne peut être considéré comme désert: des besoins nouveaux apparaissent avec l’émergence du Service d’action extérieure européen; des créations discrètes, telles que le SITCEN, sont en place à Bruxelles depuis bientôt dix ans; des organes communautaires comme le Parlement découvrent l’importance de cet instrument; une sensibilité européenne aux questions de sécurité se renouvelle après une décennie de mise en oeuvre de politiques antiterroristes.


Pour faire le point sur cette question, METIS a convié des experts et praticiens pour nous présenter leur point de vue et débattre des thèmes suivants:

- lundi 26 septembre 2011: Julien FLORENT, doctorant : "Aux origines d'un renseignement

européen, les coopérations françaises en matière de renseignement au début de la guerre

froide" (Université de Paris-Sorbonne, Paris IV).

- lundi 17 octobre 2011: William SHAPCOTT, ancien directeur du SITCEN de 2001 à 2010,

«Le SITCEN, service de renseignement européen: bilan et perspectives»

- lundi 14 novembre 2011: Patrice BERGAMINI, Service Européen d'Action Extérieure, «La

place du renseignement dans la nouvelle architecture institutionnelle européenne»

-lundi 12 décembre 2011: Arnaud DANJEAN, député au Parlement européen, Président de

la sous-commission Défense, «Le contrôle politique du renseignement en Europe»


Toutes les séances auront lieu de 18h à 20h au 1er étage du 56 rue Jacob.

 

 

 

4. Archives orales…

 

 

 

Rappel…

 

Au début des années 1990, sous l’égide de feu l’IHESI alors dirigé par Jean-Marc ERBES conseillé par Dominique Monjardet, puis, 10 ans plus tard, sous l’impulsion du CESDIP avec un financement de l’INHES dirigé par M. Karsenty, une vingtaine de policiers, de formateurs et de chercheurs ont collecté/recueilli des récits de vie de policiers retraités dont les carrières commençaient parfois avant 1940...

Présentés dans un ouvrage (Jean-Marc Berlière et René Lévy (dir.) Le Témoin, le sociologue et l’historien. Quand des policiers se mettent à table

, Nouveau Monde édition, 2010) ces récits sont déposés à la BNF et consultables.

Des extraits figurent dans l’Histoire des Polices en France de l’Ancien régime à nos jourscité plus haut, Malcolm Anderson les a utilisés pour son livre, de même qu’Emmanuel Blanchard et France Culture (La Fabrique de l’Histoire) va en utiliser des extraits pour un magazine sur le syndicalisme policier…

Ce fonds est consultable et recèle des pépites…

Pensez-y…

 

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du Centre de Ressources Documentaires du CESDIP

Ou cliquez sur le lien suivant : Fonds des récits de vie de policiers, dans le catalogue de la BNF

Recherche menée sous la direction scientifique de Jean-Marc Berlière et de René Lévy par une équipe de doctorants et de chercheurs engagés dans des recherches historiques et sociologiques sur la police française…

 

 

 

5. Sur l’internet…

 

 

 

La Société lyonnaise d'histoire de la Police met en ligne un site :

http://slhp.mafloch.fr

 

Actuellement en construction, il n’attend que des volontaires et des contributeurs…


 

[Si cette Lettre vous pervient à temps : la SLHP participera les 17 et 18 septembre aux Journées européennes du Patrimoine à la Préfecture du Rhône, Salle Jean Moulin. (de 10 h à 18 h) et présentera un diaporama intitulé

Des « Broteaux au Palais de la République »

Etat modernisateur, préfets bâtisseurs : histoire d’un arrondissement symbole de l’affirmation de la République

Dans lequel il est réservé une part à l'étatisation de la Police lyonnaise en 1851.]

 

 

 

C’est tout pour cette fois ci...

N’hésitez pas à diffuser cette Lettre auprès de ceux qu’elle peut intéresser.

N’hésitez pas à nous communiquer les nouvelles (parutions, soutenances de thèses, articles, séminaires, expositions, conférences, documentaires, blogs, articles, revues…) qui entrent dans notre champ d’intérêt et auraient échappé à notre attention…

Merci d’avance à tous nos « honorables correspondants » pour leurs informations…

 

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